L’Algérie s’obstine à repousser la réconciliation avec le Maroc
Depuis qu’il est au pouvoir au palais de la Mouradia, le président algérien Abdelmdjid Tebboune n’a raté aucune occasion dans ses sorties médiatiques pour rappeler que son pays n’avait aucun problème avec le Maroc et que la grande crise de cette région oppose davantage le Maroc aux séparatistes du Polisario.
Tebboune s’ingénie à jouer les candides quand il est question de l’implication politique et militaire de son pays dans ce conflit. Peu importe que cette réalité soit mensongère, l’essentiel est qu’Alger exporte aux yeux du monde une pseudo attitude neutre renvoyant dans son argumentaire officiel et à chaque fois ce différend au processus onusien.
Et quand le Roi Mohammed VI a tendu dans son discours du Trône la perche de la réconciliation avec l’Algérie sans citer une seule fois l’affaire du Polisario, il était logique de s’attendre à ce qu’un homme comme Abdelmajid Tebboune puisse saisir cette balle au bond et répondre à cette dynamiques réconciliation.
Au lieu de cela , le président algérien, d’habitude si bavard et si prompt à commenter tout ce qui se rapporte au Maroc, s’est enfermé dans un silence de sourds. Ceux qui ont parlé à sa place étaient les moyens de communication de l’armée, qu’ils soient officiels come la revue « Al Djeich », devenue le lieu où se conçoit la politique étrangère de l’Algérie ou officieux comme le reste d’une presse algérienne qualifiée d’amplificatrice de la parole militaire algérienne.
A voir la ressemblance de titres, les angles d’attaques identiques, il apparaît clairement que cette presse, malgré une diversité en trompe l’œil, n’a qu’un seul « rédacteur en chef » qui souffle la tendance et impose sa vision. Et il semble clair que le processus de la réconciliation ne sert pas la stratégie algérienne pour qui le Maroc doit conserver ce rôle d’épouvantail et d’ennemi éternel. Son maintien au pouvoir et sa survie en dépendent largement.
Un processus de réconciliation avec le Maroc à ciel ouvert agirait sur le régime algérien et les multiples clans qui le composent comme une torche lumineuse braquée sur un nid de chauve-souris. Les failles vont apparaître au grand jour et les handicaps structurels vont montrer les défauts.
La réaction du régime algérien à l’offre marocaine n’est pas une surprise en soi . Seuls les doux rêveurs s’attendaient dans l’immédiat à autre chose qu’à cette diarrhée verbale anti-marocaine. Dans l’ADN politique de ce régime militaire algérien se trouve une haine atavique qui cherche toutes les occasions de se manifester.
Et pourtant malgré ce lourd silence présidentiel algérien, malgré ces réactions sanguines de la presse algérienne, malgré cette attitude retors de l’armée algérienne, Le Roi Mohammed VI a raison d’installer cette atmosphère et cette disponibilité à créer une la dynamique de la réconciliation. Pour plusieurs raisons d’ordre stratégique dont celle de faire passer un message rassurant et positif a une opinion maghrébine qui redoute la déflagration et l’instabilité.
D’autant plus que cette stratégie royale de la main tendue sert efficacement à isoler les pyromanes au sein de la gouvernance algérienne qui rêvent d’ouvrir un front militaire avec le Maroc pour détourner l’attention et tenter de s’offrir, même au prix du sang, un semblant de consensus algérien à un moment où les multiples fractures du pays, plus vivaces les unes que les autres, menacent de le faire imploser de l’intérieur.
Pour faire appel à une métaphore agricole, force est de constater que l’attitude royale a l’égard de l’Algérie ressemble à celui qui sème les grains de la réconciliation dans un champ en friche. Personne ne s’attend à une immédiateté des résultats mais énormément de bonnes consciences misent sur les résultats à terme qui pourraient éclore en fonction d’un changement de génération à la tête du pouvoir en Algérie, la fin d’un cycle que le temps finira bien par fermer.
Dans cette équation, la patience, le pari sur le temps, l’optimisme forcené en un avenir meilleur, la conviction de faire œuvre collective utile, sont autant de traits qui distinguent la vision d’un homme d’Etat comme le Roi Mohammed VI de ces apprentis sorciers au front bas à la courte vue et aux convictions obtuses qui dirigent actuellement l’Algérie.