La tension sur l’axe Paris Rabat à son comble !

Au vu des dernières réactions entre Rabat et Paris, l’impression est lourdement installée que la sortie du tunnel n’est pas pour demain. Tant les contentieux sont lourds et les divergences profondes. Que les deux pays puissent afficher de manière aussi publique leurs désaccords indiquent à quel point les défis d’une possible normalisation sont énormes.

Décidément, la relation entre la France et le Maroc est condamnée à une série de couacs qui révèlent la profondeur de la crise qu’elle traverse. Dernier en date, la sortie de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, annonçant unilatéralement une visite d’Etat du président Emmanuel Macron au Maroc. Le démenti marocain est tombé aussi cinglant que tranchant : cette visite n’est ni à l’ordre du jour, ni programmée.

Cet échange diplomatique en forme de punchlines nous rappelle étrangement celui où le président Macron s’était hasardé à broder sur la qualité des relations entre Paris et Rabat : « Ma volonté est d’avancer avec le Maroc, sa majesté le roi le sait, nous avons plusieurs discussions, les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront ». Le couperet glacial était tombé avec la même clarté. « Ces relations ne sont ni bonnes ni amicales », avait dit Rabat dans un rare et presque inédit exercice politique.

A cela s’ajoute un épisode inédit dans les annales de la diplomatie. Alors qu’une virulente tempête médiatique battait son plein sur un supposé refus du Maroc de l’aide française après le violent séisme qui a frappé la région d’Al Haouz, le président Macron prend la parole, via une vidéo postée sur le réseau social X (twitter), pour s’adresser directement aux « Marocaines et Marocains »,  provoquant stupeur, émoi et colère de toute une population. Dans cette vidéo, il les assure de son soutien et leur signifie que l’aide de la France aux victimes du tremblement de terre n’attend que le feu vert du Roi et de son gouvernement. Ce geste, qui se voulait probablement apaisant, dénote en réalité d’une méconnaissance des fondamentaux qui façonnent l’exception marocaine.

Depuis le début de ces polémique qui enflamment la toile et les plateaux télés français, Catherine Colonna a revêtu son costume de pompier pour tenter d’éteindre les divergences entre les deux pays. La cheffe de la diplomatie française est montée au créneau pour tenter de tuer dans l’oeuf ces polémiques en évoquant à plusieurs reprises la souveraineté d’un pays à choisir le casting des pays dont il accepte l’aide et sa totale liberté de l’organiser comme il l’entend.

Son interview à la chaîne d’information continue LCI, enregistrée en Égypte dans un salon marocain offert par le Royaume à la Ligue arabe, fait partie de ces tentatives françaises de vendre un sentiment de normalité dans les relations entre la France et le Maroc alors que tout indique que le fossé entre eux est en train de s’élargir dangereusement. Sa précipitation d’imposer une visite de Macron au Maroc a fini par agacer prodigieusement Rabat.

Le nœud de la problématique franco-marocaine et qui donne lieu à ces péripéties est que la France s’est enfermée dans une logique de déni de cette crise avec le Maroc. Il est vrai qu’Emmanuel Macron a fini par reconnaître récemment que les relations entre les deux pays ne sont pas au niveau où elles devaient être et qu’il réfléchit à un agenda de relance. Mais cela n’est pas suffisant pour donner une nouvelle dynamique à ces relations.

Pour Rabat, les termes de cette crise sont d’une clarté limpide. Le Maroc a demandé à la France de reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur ces provinces sahariennes comme l’ont déjà fait de nombreux pays amis et alliés. Plus le temps passe, plus l’hésitation française interroge. Qu’est ce qui empêche un pays aussi proche que la France de reconnaître la marocanité du Sahara ?

Ce refus français montre clairement que la diplomatie française s’est engagée auprès du régime algérien, parrain militaire et financier des mercenaires séparatistes du Polisario, à ne pas procéder à cette reconnaissance officielle comme l’ont fait les Etats-Unis. Emmanuel Macron donne cette vague impression d’avoir les mains liées sur un sujet crucial pour la paix et la stabilité de la région.

Le positionnement marocain à l’égard de Paris est la traduction de la position royale exprimée sur le fameux prisme à travers lequel le Maroc traite son environnement international et établit ses partenariats et ses alliances. Déjà à l’époque, le message adressé à Paris était sans équivoque : « S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, Nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque ».

Aujourd’hui tout semble indiquer que le Maroc ne pourra pas établir une relation diplomatique normale et un partenariat stratégique relancé avec Paris tant que la diplomatie française ne sorte de l’ambiguïté de sa position sur le Sahara marocain et affiche clairement son soutien à sa souveraineté sur ces provinces du sud.

 

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