La pandémie du coronavirus met le monde en suspens

La décision de l’OMS de qualifier le coronavirus de pandémie ou d’épidémie mondiale à la date du 11 mars 2020 n’est pas une simple décision, surtout que les cas de contamination avaient déjà atteint les 118.000 dans plus de cent pays, dont plus 10.000 décès. C’était une décision historique qui a constitué pour la plupart des stratèges et analystes une étape charnière entre l’avant et l’après coronavirus.

Une rétrospective dans la mémoire humaine et historique s’est imposée après la déclaration du Covid-19 comme pandémie, en évoquant des tragédies qui sont encore ancrées dans la mémoire collective humaine où la maladie et les épidémies ont ôté la vie à de nombreuses personnes.

C’est ce qui a été observé à travers l’intérêt porté aux écrits, œuvres littéraires ou rapports prospectifs et analytiques sur la réalité que l’on vit actuellement et sur les prévisions de son développement dans le futur. Une demande accrue des productions sur les épidémies et les maladies contagieuses s’est fait ressentir chez les lecteurs, plusieurs de ces œuvres ont alors réalisé des ventes exceptionnelles, on en cite à titre d’exemple La peste d’Albert Camus, L’aveuglement de José Saramago et Spillover de David Quammen.

La force de la pandémie du coronavirus n’est pas uniquement dans la relance de la vente en ligne des livres sur les pandémies et la hausse du nombre de lecteurs, elle n’est pas réduite à un nombre de victimes ou à un retour à l’usage d’un vocabulaire spécifique comme « l’économie de la guerre », le « confinement sanitaire », « la deuxième étape », « les mesures de prévention » et les nouvelles équations de sécurité alimentaire, sécurité sanitaire et recherche scientifique. Elle n’est pas réduite non plus à des cartes stratégiques de l’après-coronavirus à plusieurs niveaux…

Car la force du coronavirus s’est aussi déployée dans le blocage du cours de la vie quotidienne de tous les citoyens du monde, tout comme elle a perturbé les agendas des pays, des systèmes politiques, des marchés financiers, du sport international et de la culture…

2020 n’est sûrement pas une année normale, c’est un espace de temps de transition…

La guerre déclarée par les dirigeants du monde sur le coronavirus a imposé le changement de plusieurs rituels quotidiens, la limitation de la liberté de circulation et la distanciation sociale comme mesure de prévention de cette pandémie qui s’est transmise entre les peuples… des mesures que nous appelons désormais « le confinement sanitaire » ou l’état d’urgence sanitaire, en l’attente d’un vaccin efficace contre le Covid-19…

On n’aura pas exagéré en disant que l’année 2020 restera ancrée dans la mémoire historique, et que ses événements seront une source d’inspiration pour de nombreux écrivains, romanciers et cinéastes. Elle restera présente avec la même force dans la mémoire humaine et tous les agendas politiques, culturels et sportifs.

Cette génération sera aussi des témoins oculaires de la fin d’une phase historique qui a connu l’annulation ou le report de nombreux rendez-vous d’envergure mondiale qui n’ont pas connu d’arrêt depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le coronavirus a bousculé des échéances politiques importantes dans plus d’un pays en raison d’urgences sanitaires. A commencer par le report du deuxième tour des élections municipales françaises prédéterminées du 22 mars au 21 juin, et en Espagne les élections des provinces basques et galiciennes prévues pour le 5 avril à après l’été en cours. En plus de tous les reports d’élections au Sri Lanka, en Serbie, en Éthiopie et en Bolivie … Les primaires du Parti démocrate américain programmées entre avril et mai dans le cadre de la prochaine course présidentielle américaine ont également été reportés à juin, pendant que de nombreux États américains tendent vers l’adoption d’un système de vote par messagerie.

Les consultations politiques, comme les référendums constitutionnels, n’ont pas été épargnées par l’emprise du coronavirus… Ainsi, le référendum sur les réformes constitutionnelles de l’État chilien prédéterminé au 26 avril a été reporté au 25 octobre prochain, et le référendum constitutionnel en Russie programmé pour le 22 avril a également été reporté à une date ultérieure (soit fin mai ou début juin)…

Le référendum chilien revêt une importance particulière, car il intervient en réponse aux manifestations de l’automne dernier pour mettre en œuvre une nouvelle constitution que celle de 1980, appartenant à l’ère d’Augusto Pinochet… quant au référendum russe, il serait déterminant pour l’avenir politique de l’actuel président Vladimir Poutine… malgré l’importance de toutes ces échéances mondiales, l’agenda du coronavirus a eu le dernier mot…

Le coronavirus a obligé la majorité des populations du monde à une assignation à résidence, ce qui gelé toutes les marches et tous les mouvements de protestation à travers le monde, notamment celles des « gilets jaunes » en France, les protestations en Algérie connues sous le nom du « Hirak algérien »… en plus de l’annulation des marches du 1er mai, la fête du travail, qui constitue un précédent dans l’histoire pour la classe ouvrière qui célébrait sa fête internationale.. Ainsi que l’annulation des marches pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale fêtée le 9 mai chaque année…

La situation dans le domaine culturel et les espaces publics qui y sont dédiés n’est pas meilleure qu’en politique. La majorité des événements artistiques et culturels de renommée internationale ont été reportés ou annulés comme les Salons du livre de Londres et de Turin, ainsi que les expositions internationales de l’ameublement et des bijoux et les défilés de mode, sans oublier la fermeture des théâtres et des salles de cinéma…

En ce sens, le Festival de Cannes en France et l’Eurovision ont été annulés, tout comme la célèbre « course de taureaux » à Pampelune et la célébration populaire de Las Fallas dans la région de Valence en Espagne, ce qui représente une première depuis les années de guerre civile espagnole (1936-1939). En Allemagne les fameuses célébrations de « l’Oktoberfest » ont été également annulées, et les portes des musées internationaux, des sites archéologiques et des bibliothèques internationales ont été fermées devant des millions de visiteurs, signant une grande perte financière pour le secteur de l’art et de la culture malgré les tentatives de rescousse en organisant des musées virtuels et des foires numériques du livre.

Le domaine sportif, à son tour, n’a pas pu résister à l’emprise foudroyante du coronavirus. L’Euro 2020, la Ligue des champions européenne du football, les championnats nationaux et toutes les activités sportives du monde ont été suspendues, au même titre que les plus célèbres championnats du monde de voitures et de vitesse motocycliste… c’est également le cas pour la fameuse course cycliste du « Tour de France », la compétition du grand chelem (Roland Garros) et les Jeux Olympiques de Tokyo prévus cet été avant d’être reporté jusqu’en 2021.

L’idée de ce récit a été de faire un simple inventaire des agendas politiques, culturels, artistiques et sportifs reportés ou suspendus à cause des dispositifs du confinement sanitaire dictés par la pandémie du Covid-19. Des mesures qui ne signifient en aucun cas que nous avons pas été vaincus par le virus mais que nous avons adopté « des tactiques de guerre » contre un ennemi invisible… Une bataille qui a fait de la protection de la vie humaine une priorité car elle est plus chère que tous les revenus financiers et toutes les médailles et les récompenses.

Bientôt, nous allons brandir le trophée de la victoire et la vie reprendra son cours dans les espaces culturels publics et les estrades sportives. La vie politique retrouvera le chemin du débat et de la polémique, mais avec une manière renouvelée, de nouvelles attentes et de nouvelles politiques publiques…

*Abdellah Boussouf, Secrétaire général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger

 

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