La bataille pour la succession à la Banque mondiale s’ouvre

La bataille pour la succession de l’Américain Robert Zoellick à la tête de la Banque mondiale s’est ouverte véritablement cette semaine avec une première candidature déclarée, d’un autre Américain.

L’économiste Jeffrey Sachs, qui a présidé les travaux du comité de l’Onu sur les objectifs du millénaire, a révélé officiellement ses intentions dans une tribune publiée vendredi par le Washington Post.

M. Sachs fait irruption dans le paysage alors que, selon une source proche de la Banque mondiale, "les Américains ont indiqué qu’ils réfléchissaient à la possibilité de présenter ïleur secrétaire au Trésor Timothyû Geithner, ïun de ses prédécesseurs Lawrenceû Summers, ou quelqu’un du secteur privé comme Mohamed El-Erian", patron du fonds d’investissement Pimco.

Face à ces personnes, M. Sachs cultive sa différence mettant en avant le fait qu’il ne vient "ni de Wall Street ni du monde politique américain".

Dans une autre tribune publiée lundi par le journal écossais The Scotsman, il reprochait à Washington d’avoir toujours considéré que la Banque mondiale devait être "au service de ïsaû politique étrangère (…) et de ïsesû intérêts commerciaux".

Or, "l’idée est que les candidatures soient portées et présentées par les administrateurs" de l’institution, c’est-à-dire ses pays membres, ce qui ne laisse pas de place aux candidats indépendants, explique à l’AFP la source proche de la Banque.

En vertu d’une règle non-écrite, la présidence de la Banque mondiale a toujours échu à un Américain tandis que celle de son institution jumelle, le Fonds monétaire international (FMI) revenait à un Européen.

La prééminence des Occidentaux est cependant de plus en plus ouvertement contestée. Le Brésil a suggéré dès le 15 février, le jour même où M. Zoellick annonçait qu’il abandonnerait ses fonctions fin juin, qu’il soit remplacé par un représentant des pays émergents.

Le Premier ministre du Bengladesh, Mme Sheikh Hasina, a proposé le 23 février que son compatriote Mohammad Yunus, inventeur du microcrédit et prix Nobel de la paix, succède à M. Zoellick.

Las, l’intéressé a fait savoir vendredi qu’il n’avait nullement l’intention de prendre la direction d’une institution dont il a "critiqué régulièrement" l’action.

Selon la source proche de la Banque mondiale, les choses devraient "commencer à se préciser" dans les jours qui viennent vu le calendrier retenu: arrêt des candidatures à la date du 23 mars pour permettre une nomination avant la réunion de printemps de la Banque le 20 avril.

Lors de la succession ouverte au FMI par la démission de Dominique Strauss-Kahn en mai, les émergents avaient demandé que les Européens cèdent la place mais s’étaient finalement ralliés majoritairement à Christine Lagarde.

Les Etats-Unis n’entendent pas abandonner leur chasse gardée de la Banque Mondiale. Le gouvernement américain avait indiqué le 15 février qu’il ferait connaître son candidat rapidement. La Maison Blanche a néanmoins indiqué jeudi qu’elle n’avait encore rien à dire sur le sujet.

En raison d’une vieille polémique remontant à son passage comme économiste en chef de la Banque mondiale au début des années 1990, "Summers serait perçu comme une provocation par les Africains", souligne-t-on de source proche de la Banque.

A l’inverse M. El-Erian, qui a travaillé pendant plusieurs années au FMI, présente l’avantage d’être Egyptien et Américain, ce qui pourrait donner le change vis-à-vis des pays émergents, ajoute-t-on, "mais il faut encore le convaincre d’accepter" de changer de métier.

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