Et si François Hollande faisait Alliance avec la ligue arabe?
Immense solitude que celle que vit actuellement le président français François hollande. Non moins immense pression pour un homme qui a dégainé la menace militaire avant de s’assurer d’une fenêtre de tir. Le voilà avec sa menace suspendu au bon vouloir du Congrès américain, Soumis à une pression politique interne la plus forte, la plus dangereuse à gérer depuis le début de son mandat.
Le mot "piège" utilisé par la plus part des éditorialistes de la presse française est celui qui convient le plus à l’état inconfortable et inédit dans lequel se trouve le président français et sa diplomatie va-t-en-guerre. Piégé de s’être trop avancé dans l’annonce de l’engagement militaire français. Une expédition punitive était annoncée dans quelques jours, voire quelques heures avant de devoir tout mettre en veilleuse en attendant de voir de quelle couleur sera la fumée qui sortira du congrée américain ce 9 septembre.
François Hollande aurait pu réfréner ses plans guerriers et attendre tranquillement la décision américaine. Sauf que ce petit luxe lui était interdit. Ce qui s’annonçait comme une opération de police internationale pour punir un dictateur qui a failli à tout, se transforme en enjeu politique français avec son agenda local, ses appétits électoraux et ses règlements de comptes domestiques.
La droite française, qui n’a toujours pas digéré la défaite de son champion Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles, montre un enthousiasme excessif à demander à François Hollande le seul acte politique qu’il ne peut se permettre pour le moment, celui de soumettre cette intervention militaire française contre la Syrie à un vote au parlement.
En refusant pour le moment de suivre l’exemple de David Cameron et de Barak Obama, La Constituions ne l’y oblige pas, François Hollande donne l’impression de ne pas faire trop confiance au vote qu’exprimera les représentants du peuple à l’entrée en guerre de la France contre le régime de Bachar al Assad.
Craignant de voir les Américains confirmer la réticence de leur président, des voix se sont élevés pour évoquer l’hypothèse d’une possible coalition avec la ligue arabe réunie au niveau des ministres des affaires étrangère ce dimanche au Caire. Ceux qui évoquent cette hypothèse n’ont pas le sourire satirique aux lèvres. Leur grand argument est d’affirmer que François Hollande a bien mené une grande opération militaire au Mali en mobilisant les seules forces africaines de la région. Il pourrait très bien, en cas de nécessité, mobiliser des pays arabes déterminés à faire tomber Bachar al Assad.
Même si cette hypothèse ne se s’impose pas comme la plus plausible du moment, la Ligue arabe a montré une vraie division sur la nécessité d’intervenir militairement en Syrie. Trois axes majeurs se dégagent au sein de la Ligue arabe. Le premier est celui, enthousiaste, militant, que constituent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes Unies et Le Koweït. Ces pays ont un tel désir à faire tomber Bachar al Assad qu’ils sont prêts à mettre à la disposition de n’importe quelle coalition de guerre leurs fonds souverains. Leur forte détermination a déjà été prouvée avec la générosité avec laquelle ils biberonnent les oppositions à Bachar EL Assad.
Le second axe arabe qui s’oppose à cette intervention militaire est composé de l’Algérie de Abdelaziz Bouteflika, au nom d’une solidarité organique entre régimes militaires et autoritaires, de l’Irak pour cause d’influence iranienne sur Nouri EL Maliki et le gouvernement chiite de Bagdad, et du Liban dont une grande structure du pays et du gouvernement, le Hezbollah mène la guerre directement aux côtés du régime de Bachar et du régime de Damas.
Le troisième axe est incarné par l’Egypte. Le choix du nouvel homme fort de l’Égypte post Morsi, le général Abdelfattah Sissi, est de s’opposer à cette intervention militaire contre la Syrie ardemment souhaitée par les Saoudiens, les parrains politiques et économiques du nouveau régime égyptien. Cette position du général Sissi soulève de nombreuses interrogations. Elle souligne l’échec de la diplomate saoudienne à convaincre un grand pays arabe comme l’Egypte à s’inscrire dans le plan militaire de faire tomber Bachar al Assad avec lequel, ironie de l’histoire, le frère musulman ancien déposé de la présidence Mohamed Morsi avait spectaculairement rompu les relations diplomatiques.
Si l’envie prend François Hollande de se retourner vers la ligue arabe pour former son expédition punitive contre Bachar al Assad et y puiser une légalité que les Nations-unies refusent à lui octroyer par voie de résolution, il trouvera une famille arabe traversée par des lames de fond tranchantes qui brouilleraient le message et l’objectif d’une telle intervention. Mais ceux qui ne croient pas du tout à un tel scénario évoquent l’impossibilité d’une guerre internationale au Proche-Orient, dans cette région explosive aux enjeux politiques et économiques planétaires, en l’absence de deux acteurs historiques de la région que sont la Grande Bretagne et les États unies d’Amérique. C’est dire à quel point François Hollande n’a d’autres choix que l’attente.