Dans son éditorial intitulé “En France, un bien triste 14 juillet”, le journal note que pendant de longs mois, des centaines de milliers de Français ont manifesté contre une réforme dont ils ne voulaient pas – celle des retraites – et à laquelle leurs représentants syndicaux n’ont jamais été associés.
Dans les banlieues, les récentes émeutes ont été plus destructrices encore que celles de 2005, et le feu a même gagné des villes moyennes réputées jusqu’alors pour leur tranquillité, relève la publication, indiquant que pour le 14 juillet, les feux d’artifice ont été annulés dans de nombreuses communes par crainte d’incidents.
Les transports en commun s’arrêteront avant la tombée de la nuit, et à l’Élysée, il n’y aura pas d’interview présidentielle, ajoute le grand tirage, estimant que la seule couleur de mise sera le bleu, “celui des uniformes, avec 130.000 membres des forces de l’ordre mobilisés pour éviter les débordements”.
“Dans ce pays aux allures de cocotte-minute, on aurait attendu plus que jamais un message de concorde. Emmanuel Macron n’avait-il pas fixé cette échéance mi-avril dernier quand il avait décrété cent jours pour apaiser la France ?”, s’interroge l’éditorialiste.
“Le fait est que même les mots les plus consensuels voulus par le chef de l’État sont désormais redoutés comme des mèches inflammables”, fait remarquer le journal.
L’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron, qui s’est contenté d’une adresse aux armées jeudi, parlerait au pays »courant juillet », rapporte Le Soir, se demandant si Macron a choisi de s’adresser aux Français au cœur de l’été, en pleines vacances, “pour faire le moins de vagues possible”.
“La nature elle-même du message risque de fortement décevoir”, prévient l’éditorialiste, estimant que si à la situation éruptive du pays il n’est répondu que par un remaniement technique du gouvernement, “ce sera le signe que le chef de l’État n’a plus aucune ressource pour faire face à la gravité du moment”.