Donald Trump face à sa première épreuve après sa fermeture sélective des frontières

Manifestations, condamnations internationales et politiques: neuf jours après sa prise de fonctions, Donald Trump faisait face dimanche à un feu nourri de critiques après sa décision de fermer les frontières à tous les réfugiés ainsi qu’aux ressortissants de sept pays musulmans.

Des milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche devant la Maison Blanche à Washington, à New York dans un parc en vue de la Statue de la Liberté, à Boston et dans d’autres villes et aéroports du pays.

Le président républicain n’a fait qu’appliquer ses promesses de campagne, a souligné son porte-parole, comme lors de la signature toute la semaine de décrets sur la santé, l’immigration clandestine, la lutte anti-jihadiste ou le pétrole.

Mais la décision de fermeture sélective des frontières, qui ressemble mais n’est pas aussi large que sa promesse de décembre 2015 d’interdire à tous musulmans de venir aux Etats-Unis, a incontestablement provoqué le plus grand tollé depuis son investiture.

Signé vendredi soir, le décret interdit l’entrée à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (de façon indéfinie pour les réfugiés syriens), ainsi qu’à tous les ressortissants de sept pays à majorité musulmane et considérés comme des viviers terroristes par Washington, pendant 90 jours: Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.

Résultat, 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivée aux Etats-Unis, bien qu’ils aient des visas valides. Après l’intervention samedi soir d’une juge fédérale de Brooklyn, la plupart ont été autorisées à entrer sur le territoire, mais la constitutionnalité du décret n’a pas été tranchée, et celui-ci reste en vigueur.

Alors qu’initialement les détenteurs de cartes vertes – des permis de résident permanent – étaient également visés, le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, a indiqué dimanche sur NBC qu’ils n’étaient pas "affectés", bien qu’ils puissent être questionnés de façon approfondie à leur arrivée aux Etats-Unis.

Accusations de discrimination religieuse

Aux Etats-Unis, l’opposition démocrate a appelé au retrait du décret au nom des valeurs américaines. Il "ne fera que galvaniser ceux qui cherchent à nous faire du mal", a aussi déclaré le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, qui s’est affiché avec des réfugiés dimanche à New York.

Au parti républicain, majoritaire au Congrès, peu d’élus ont spontanément pris la parole pour défendre le président.

En novembre 2015, la Chambre des représentants avait adopté, une semaine après les attentats de Paris, la suspension de l’accueil de réfugiés syriens et irakiens, un texte qui avait ensuite échoué au Sénat.

Une poignée de républicains ont condamné tout ou partie du décret. L’image de cet interprète irakien ayant travaillé pour l’armée américaine, arrêté vendredi à New York, a choqué les sénateurs John McCain et Lindsey Graham.

"Malheureusement, nous craignons que ce décret ne nous affaiblisse dans la lutte contre le terrorisme", ont déclaré les deux conservateurs, qui notent que les alliés de Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique sont majoritairement musulmans.

"Les tribunaux jugeront s’il est allé trop loin" a prudemment déclaré Mitch McConnell, chef de la majorité sénatoriale, sur la chaîne ABC.

La décision en urgence de la juge de Brooklyn s’ajoute à trois autres bloquant les expulsions, mais aucune ne tranche sur le fond. L’affaire pourrait aller jusqu’à la Cour suprême, espère la grande ONG ACLU.

L’exécutif se défendait cependant des accusations de discrimination religieuse. A la fin de la période de 120 jours, le décret stipule en effet que la priorité sera donnée aux réfugiés persécutés en raison de leur religion, une phrase désignant implicitement les chrétiens de Syrie et d’Irak.

"Les chrétiens du Moyen-Orient sont exécutés en grand nombre. Nous ne pouvons laisser cette horreur se perpétuer!" a écrit Donald Trump dimanche sur Twitter.

Vague d’indignation

La vague d’indignation traverse le monde musulman, la Ligue arabe dénonçant dimanche des "restrictions injustifiées". Téhéran a immédiatement instauré la réciprocité contre les citoyens américains, et dimanche, des voix s’élevaient en Irak à prendre des mesures similaires.

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi, nommé aux Oscars, n’ira pas à la cérémonie de février à Los Angeles, même s’il devait recevoir une exemption au décret de Donald Trump.

Plusieurs dirigeants européens dont Angela Merkel ont aussi rappelé Washington à ses devoirs d’accueil de réfugiés, et s’inquiétaient du sort de leurs ressortissants ayant une double nationalité, en théorie également concernés. Mais le Canada, lui, a annoncé avoir obtenu l’assurance de Washington que ses ressortissants binationaux pourraient continuer à se rendre aux Etats-Unis, selon le bureau du Premier ministre Justin Trudeau.

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