Trois questions à Catherine Becker, directrice artistique du festival de cinéma « Esther et Salma » d’Essaouira
1. Quelle vision artistique et thématique sous-tend ce nouveau festival de cinéma, et comment se distingue-t-il des autres événements similaires déjà établis à Essaouira?
Le festival « Esther et Salma » incarne une vision artistique et thématique profonde, explorant les concepts complexes de l’exil et de l’altérité à travers l’objectif unique du cinéma. Dans un paysage où les jeunes ont tendance à regarder des films en solitaire sur leurs appareils personnels, cet événement se distingue en mettant l’accent sur la création d’expériences cinématographiques partagées et émotionnelles.
En favorisant les projections publiques, le festival vise à générer des émotions collectives et à ouvrir de nouveaux horizons sur le monde qui nous entoure. Il aspire à créer un espace où le public peut se rassembler pour partager une expérience cinématographique enrichissante, propice à l’exploration de différentes réalités et perspectives, offrant ainsi une dimension unique par rapport aux autres événements culturels établis à Essaouira.
2. En plus des projections de films, le festival prévoit également des tables rondes, des lectures et des expositions. Pourquoi est-ce important pour vous d’inclure ce type d’activités en parallèle des projections?
Effectivement, il était crucial pour nous d’inscrire le cinéma dans un contexte culturel plus large, permettant ainsi d’enrichir l’expérience globale du festival. Pour cela, la journée débutera par des petits-déjeuners où nous inviterons les étudiants souiris à découvrir les métiers du cinéma et de la communication. Ils auront ainsi l’opportunité de rencontrer des cinéastes, réalisateurs, actrices et acteurs de diverses nationalités, leur offrant ainsi un aperçu fascinant de cet univers cinématographique.
En outre, des lectures et des tables rondes seront organisées pour encourager les échanges entre différentes perspectives autour de trois thèmes clés, notamment la mémoire de l’exil, les épreuves comme catalyseur de l’humanité, ainsi que l’exil et l’art. Chaque débat approfondira l’un de ces sujets, enrichissant ainsi les discussions sur les films présentés l’après-midi.
Par ailleurs, les expositions artistiques revêtent une importance significative. Elles offriront une occasion unique de mettre en avant des talents artistiques exceptionnels, renforçant ainsi l’ancrage de l’événement dans les domaines de l’art, de la culture et du dialogue.
3. Quid du rayonnement cinématographique d’Essaouira à l’échelle nationale et mondiale?
Je suis ravie de constater l’émergence récente de deux festivals de cinéma à Essaouira, à savoir « La Dolce Vita à Mogador » et « Esther et Salma ». Cette effervescence reflète la place prépondérante du 7ème art dans la culture marocaine, avec une tradition cinématographique riche et diversifiée.
Malgré la baisse progressive de la fréquentation des salles obscures, l’expérience collective du cinéma demeure profondément significative. La Cité des Alizés, célèbre pour sa musique, notamment la musique Gnaoua, établit également des liens solides avec le monde du cinéma grâce au tournage de productions mondiales sur ses terres.
En effet, la symbiose entre la musique et le cinéma est indéniable; la musique joue un rôle essentiel dans le 7ème art, enrichissant souvent les productions cinématographiques. Cette convergence entre musique et cinéma ouvre de nouvelles perspectives tout en s’inscrivant dans une continuité artistique, renforçant ainsi le rayonnement cinématographique d’Essaouira à l’échelle nationale et internationale.