Déclaration de Castex: défiance des oppositions face à une majorité convaincue
Entre « confiance rompue » et « chemin de débris » proposé, les oppositions n’ont pas ménagé le nouveau Premier ministre Jean Castex qui a prononcé mercredi devant les députés sa déclaration de politique générale, saluée à l’inverse par une majorité soudée:
– Gilles Le Gendre (LREM): « Notre seul ennemi, c’est le temps – ces fameux 600 jours utiles mais trop brefs ! Notre unique et solide alliée, ce doit être la confiance. Dialectique exigeante: la reconstruction du pays n’attendra pas; la confiance, elle, se reconstruira dans la durée ».
– Damien Abad (LR): « Nous ne pouvons pas vous accorder la confiance que vous réclamez. Cette confiance, elle est rompue par trois ans de bilan décevant, par les incohérences et les inconsistances d’une politique du +en même temps+ et par les nombreux doutes que nous avons quant à la capacité de votre gouvernement à redresser notre pays. (…) M. le Premier ministre, vous arrivez au chevet d’une France groggy, sonnée et profondément fracturée (…) En 2017, nous demandions à voir. En 2020, nous avons vu ».
– Patrick Mignola (MoDem): « Ce que nous attendons du gouvernement, c’est l’autorité pour lutter contre les divisions, c’est l’efficacité dans l’application des décisions, et c’est de réunir le pays autour de ce que les Français ont à partager en société. Et nous avons tant à partager ! Partager la richesse, partager les pouvoirs, partager les ressources, partager la représentation politique ».
– Valérie Rabault (PS): « Il y a urgence » face à « la crise économique », « sociale » et « écologique ». (…) Votre déclaration de politique générale aurait dû démontrer que le gouvernement se mettait en mode +urgence+. Il n’en a rien été (…). Nous ne pourrons que nous positionner contre la politique qui est la vôtre ».
– Jean-Christophe Lagarde (UDI): Face à la crise sanitaire et économique, « nous restons prêts à aider le gouvernement à trouver le bon chemin et le bon rythme pour la France. (…) La confiance elle se gagne (…) C’est bien sur les actes et pas seulement sur les paroles que nous jugerons ce gouvernement », « la grande majorité du groupe s’abstiendra ».
– Philippe Vigier (Libertés et Territoires): le nouveau chemin annoncé « ira-t-il sillonner les territoires de France, les entrailles du pays? (…) Le tournant décisif n’est pas encore réalisé. Une partie du groupe ne peut vous accorder sa confiance aujourd’hui, une autre partie s’abstiendra ».
– Jean-Luc Mélenchon (LFI): « Personne ne croit que vous +conduirez+ la politique de la Nation. Vous seriez bienheureux d’arriver déjà à la suivre. Jupiter varie souvent et bien fol qui s’y fie. Ordre et contre ordre sont devenu la règle. (…) Le président vous demande de réparer en 600 jours les dégâts qu’il a occasionné en trois ans. C’est votre feuille de route. Nous ne pouvons y croire. Nous ne pouvons avoir confiance. »
– Paula Forteza (Ecologie Démocratie Solidarité): « Avant de demander la confiance, il faut faire confiance (…) Nous avons le sentiment que les citoyens sont une nouvelle fois mis de côté des orientations du plan de relance, que tout est décidé pour eux, sans eux (…) Nous ne sommes plus en mesure de donner notre confiance a priori (…) nous exprimerons majoritairement un vote contre ».
– Olivier Becht (Agir): « Nous ne serons pas de ceux qui seront dans le camp du désespoir (…) qui critiquent toujours mais ne proposent jamais. Nous serons de ceux qui pensent qu’il existe un nouveau chemin sur lequel nous devons nous engager (…) Vous pourrez compter sur le groupe Agir ensemble ».
– André Chassaigne (PCF): « Le rideau devait s’ouvrir sur un acte 3. Il ne découvre qu’une mise en scène à peine renouvelée. Il devait s’ouvrir sur une voie nouvelle, elle n’est qu’un chemin de débris alors que notre peuple attendait un chemin de semences. (…) Les +Jours Heureux+ ? Et vous annoncez un plan de relance petits bras ! (…) Les députés communistes refusent d’accorder leur confiance à votre gouvernement. +Une nation engagée, unie et solidaire+, ça ne se décrète pas, ça se gagne ».