Corona, cet hôte absurde qui bouleverse nos vies et nos univers
Quand les poètes, dramaturges, philosophes, cinéastes et autres penseurs et artistes cogitaient sur la vie, ses éléments, ses vérités et ses illusions.. Lorsqu’ ils nous transmettaient leurs réflexions et leurs ressentis par rapport a la perplexité de L’EXISTER, avaient- ils, ne serait ce qu’une fois prévu, anticipé, supposé ou soupçonné l’éventuelle possibilité de l’apparition d’un petit quelque chose, appelé Coronavirus, qui allait transformer nos mondes en des scènes de vie absurdes ?
Avaient- ils deviné, une fraction de seconde, que la nature allait un jour dire son mot du haut de ses palmiers, de ses monts, de sa lune, de ses cieux, de son soleil, de ses astres et de ses étoiles filantes ? Croyaient-ils en sa force, en sa majesté, en la géniture de sa vengeance, voire de sa justice ?
Etaient- ils aussi intelligents, aussi surdoués, aussi révoltés aussi prévoyants et aussi libres qu’ils le prétendaient pour pouvoir se préparer à l’arrivée subite du Roi de l’absurde couronné bien comme il faut pour envahir bien comme il faut cieux, eaux, terres et airs ? Imposant ainsi sa propre littérature, sa métaphore, sa philosophie, sa gestion des ressources, des gens, des idées et des choses…?
Dans ses aphorismes de l’inconvénient d’être né, Emil Cioran pouvait-il relever le secret de cet hôte inattendu, non désiré qui vient faire couler de l’encre avec son art absurde ? Pouvait- il en soupçonner l’existence ou discerner la magie qui allait agir avec force sur nos temps, lieux, têtes et cœurs ?
Et Becket, dans la fin de sa partie et dans son attente ? Dans son questionnement absurde sur l’être, sur l’autre et sur les temps ? Pouvait- il puiser dans l’obscurité, dans le flou, dans le mystère de cette attente et de cette fin jusqu’ à en sortir le miracle d’une visite qui allait bouleverser l’Univers et faire preuve de la grande ruse de la vie qui joue avec l’Homme le jeu le plus absurde qu’il n’a jamais connu ?
L’Etranger de Camus, fut il aussi étranger que nous tous en ces temps malades ? Pleurait-il sur son sort comme nous maintenant ? Chantait-il sa solitude ? Son désarroi comme nous le faisons tous masqués et incapables de laisser nos mots nous dire comme il se doit?
Et le grand Kafka ? Avait- il pensé une fois que son beau délire et que ses personnages absurdes allaient être dépassés par nos délires et nos dires sur le corona et son empire ?
Salvador Dali, Magritte, Rob Gonçalves, tous ces génies du surréalisme ainsi que leurs semblables étaient-ils capables d’illustrer une couronne folle posée sur tête invisible vicieuse aux yeux rieux qui joue avec sa queue de diable dansant sur la mélodie triste de la FIN/ FAIM de l’Homme ?
Tous ces mots, ces couleurs, ces notes, ces scènes de cinéma qui nous ont captivés et qui nous captivent toujours avec la perfection de leur art et l’abondance de leur imaginaire.. Tout cela peut-il égaler un jour l’ingénierie ingénieuse, le tacet, le talent, et l’habilité d’un certain Monsieur Corona qui a pris le temps qu’il fallait pour s’installer dans nos poumons, traverser nos peaux et puis voyager dans nos airs pour revenir s’installer en nous dans le cercle le plus vicieux , le plus absurde que l’humanité ne pouvait imaginer lui permettant ainsi d’évoluer, de se muter ..de TUER !! De foutre en l’air nos calculs, de bouleverser les critères selon lesquels nous avons imposé à l’Univers notre propre vision du mal, du bien, du beau, du moins beau, du sain, du malsain, du moral et de l’immoral ?
Et là ? Maintenant ? En ces mois, ces semaines, ces jours et ces heures lents, infinis qui coulent comme un vin sans couleur en cette année de vin vin .. Ne sommes nous pas enfin conscients de la gravité de notre inconscience? Ne sommes nous pas invités par le virus que nous avons créé, le virus que nous sommes, le virus qui nous tue… à un peu plus de vigilance, de réflexion, de méditation et de silence ?
Cette pause absurde qui s’impose, qui nous ouvre grands les yeux sur notre petitesse, sur notre perte, sur notre absurde. Ne mérite-t-elle pas d’être bien saisie ? Le peu de sagesse, qui reste peut être en nous, ne devrait-il pas enfin surgir ?
Ne devrions-nous pas nous taire et réfléchir ? Laisser la terre nous dire les vérités de la nature verte, de l’eau qui la traverse, des cieux qui les couvrent et des sons et chansons des autres créatures ? Celles qui sont là, et qui ont tant à nous dire ? Tous ces oiseaux, ces poissons cette faune et cette flore qui garantissent notre survie et qui finiront, malgré tout, par nous guérir ?
Ne devrions-nous pas nous retenir ? Nous abstenir ? Avant que le virus en NOUS ne parvienne à, complètement, nous anéantir ?