Sur France 2, Bachar al Assad , sûr de lui, a adopté un ton conquérant qui en dit long sur son actuel état d’esprit, narguant à de multiples reprises la France et son leadership. Non seulement il s’est permis de renier tout usage d’armes interdites dans sa guerre contre l’opposition, mais il s’est fait aussi un malin plaisir de dévoiler des contacts entre Damas et Paris au niveau du renseignement, sans aller toutefois jusqu’à atteindre un niveau de coopération sécuritaire.
Et d’enfoncer le clou en précisant que c’est la Syrie qui refuse d’aller plus loin dans cette voie car elle pose des conditions. Celle que la presse avait déjà dévoilée, à savoir la réouverture de l’ambassade Française à Damas fermée en 2012 en protestation contre la violence excessive du régime syrien, et celle dévoilée par Bachar al Assad sur « France 2 », que la France cesse immédiatement son soutien militaire à ce que Paris appelle "l’opposition modérée" et ce que le président syrien qualifie de "groupes terroristes".
Invité à commenter les positions et les mots utilisés à son égard par François Hollande, Laurent Fabius ou Manuel Valls qui le traite de "Boucher", le président syrien a dit ne pas prêter grande attention et ce, dit-il :"Pour une simple raison: c’est que la France est devenue en quelque sorte un satellite de la politique américaine dans la région. Elle n’est pas indépendante, et n’a aucun poids, elle n’a plus aucune crédibilité". Assad enfonce le clou en rappelant sur un ton légèrement sarcastique la popularité en berne de François Hollande.
L’intervention télévisée de Bachar al Assad intervient dans un contexte où Russes et Américains semblent se rapprocher sur la nécessité de traiter avec le régime syrien contre Daech, le grand ennemi commun. Dans ce consensus qui est en train de se fabriquer pour donner une seconde vie à Bachar al Assad, la France fait office de faucon à toute normalisation avec Damas. Cette intervention est de nature à porter et à nourrir le débat contradictoire sur la politique syrienne de la France au cœur d’un pays qui s’interroge sur la manière de se protéger des menaces terroristes de l’Etat Islamique.
Par Mustapha Tossa