Assemblées FMI-Banque mondiale : Trois questions à la ministre marocaine de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah
Dans une interview accordée à la MAP, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, qui prend part à cet évènement d’envergure dans le cadre d’une délégation marocaine, revient sur les principaux enjeux auxquels sont confrontées les deux institutions financières dans une conjoncture marquée par une multitude de chocs, l’importance pour le Royaume d’accueillir les prochaines assemblées des deux institutions, ainsi que la volonté de mettre en avant les atouts et les attentes de l’Afrique, d’autant plus que l’édition de Marrakech est la première à se tenir dans le continent depuis 50 ans.
1. Les réunions de printemps FMI-Banque mondiale se tiennent dans un contexte économique et géopolitique difficile. Quel regard portez-vous sur le rôle et l’action des institutions financières internationales et comment pourraient-elles mieux servir les pays en développement?
Les réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui se tiennent à Washington, sont un événement important eu égard aux défis auxquels sont confrontées les deux institutions financières après les crises successives que le monde a connues au cours des dernières années. Le moment est venu de reconsidérer les mécanismes adoptés par les deux institutions, ainsi que l’appui financier qu’elles prévoient au profit des pays en voie de développement, surtout face à de grands défis qui nécessitent des investissements très importants.
Au Maroc, sous la direction éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, nous nous considérons comme un facilitateur et un intermédiaire entre l’Afrique et les organisations multilatérales, car nous sommes en mesure d’agir comme un « pont » ou « hub » entre le continent et ses partenaires internationaux dans le cadre de partenariats sud-sud. Naturellement, nous suivons avec une grande attention les débats sur la réforme et, à mon avis, il y a quatre priorités à l’ordre du jour.
Premièrement, nous devons accélérer la restructuration de la dette des économies émergentes. Deuxièmement, nous devons renforcer le rôle des pays émergents, et l’Afrique en particulier dans la gouvernance mondiale. Il est important que les pays émergents soient mieux représentés selon leur poids réel dans l’économie mondiale.
Troisièmement, les interventions devraient se concentrer davantage sur les investissements dans les infrastructures, la transition climatique et favoriser les investissements directs étrangers et l’entrepreneuriat local. Nous pensons qu’une nouvelle génération de partenariats entre le secteur public et le secteur privé doit être encouragée.
Enfin, nous ne devons pas oublier l’importance de réduire la pauvreté, renforcer les capacités et mettre en valeur le capital humain.
2. Le Maroc est l’hôte des prochaines assemblées de ces deux institutions financières. Comment se présentent les préparatifs pour ce grand rendez-vous et quelle est son importance pour le Royaume?
Notre participation aujourd’hui aux réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, à la tête d’une importante délégation, s’inscrit dans le cadre de la coordination et de la préparation des réunions annuelles que le Royaume accueillera en octobre prochain à Marrakech. Cet événement se tient pour la première fois en Afrique depuis 50 ans. C’est une date très importante. Elle est importante pour le Royaume, d’autant plus que la relation du Maroc avec les deux institutions financières revêt une dimension importante dans la consolidation de ces acquis majeurs et accumulations.
Tout le monde atteste que le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi, a fait de grands progrès en plus de son leadership continental dans de nombreux domaines, notamment économiques et sociaux. Ainsi, les prochaines réunions annuelles à Marrakech seront l’occasion de présenter ces acquis et de les partager avec les participants à cet événement, en plus de mettre en avant les ambitions du Royaume et les grands chantiers sur lesquels nous travaillons, comme la généralisation de la couverture sociale, tout en rappelant que le Royaume est une terre propice aux investissements.
3. Le Maroc a constamment œuvré pour une coopération agissante et solidaire avec les autres pays africains et en faveur du développement durable sur le continent. L’édition de Marrakech sera-t-elle aussi une opportunité de se focaliser sur les enjeux et les attentes de l’Afrique?
Lors des prochaines réunions des deux institutions financières à Marrakech, l’accent sera notamment mis sur les défis auxquels est confronté le continent africain. Le Maroc joue un rôle important dans ce contexte, compte tenu de son rôle éminent, sous le leadership royal, dans le développement des relations entre les pays africains afin que le continent ait une voix dans la plupart des décisions majeures prises par ces institutions financières.
Le plus grand atout de l’Afrique est son capital humain, à savoir sa jeunesse. Nous devons absolument nous assurer que nous fournirons des emplois aux 14 millions de jeunes africains qui entrent sur le marché du travail chaque année. Il s’agit d’une responsabilité où tout le monde doit gagner.
L’Afrique ne doit pas être considérée uniquement comme un fournisseur de matières premières issues des industries extractives, mais aussi comme un pourvoyeur de talents, d’innovation et de solutions à la crise à laquelle le monde est confronté. Nous voulons être perçus comme un véritable partenaire et il est nécessaire, comme l’a rappelé SM le Roi, d’établir un « partenariat d’égal à égal ».