Alger confine encore pour mieux traquer le Hirak

Alors que le pays est toujours à l’arrêt, les opposants au régime algérien continuent d’être arrêtés pour empêcher la révolte de repartir.

Ils ont brisé le protocole sanitaire de manière sporadique, entonnant le slogan « Pouvoir assassin », comme au temps d’avant le Covid-19, mais le gouvernement algérien a prolongé le confinement pour mieux étouffer le Hirak, note « Le Journal du Dimanche » (JDD).

« La levée du confinement partiel, attendue hier en Algérie après deux mois et demi d’interdiction des regroupements et de suspension des transports, aurait pu amplifier cette mobilisation renaissante, alors que les mesures sanitaires l’ont brutalement étouffée », poursuit le JDD, soulignant que le Premier ministre en a décidé autrement jeudi en reconduisant le confinement jusqu’au 13 juin.

Selon le JDD, « une décision finalement peu étonnante, lorsque l’on sait que l’étau se resserre chaque jour un peu plus sur les opposants et sur les journalistes, sous le coup d’un durcissement du Code pénal criminalisant les fake news susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale. Mais aussi sur les internautes, le régime traquant ses contradicteurs jusque sur la Toile ».

Jeudi encore, une étudiante, Aya Heriou, a été convoquée par la police judiciaire d’Annaba (est) pour ses publications sur Facebook. « Depuis la trêve, pas moins de 33 activistes ont été emprisonnés alors que 107 autres ont reçu des convocations de la police »», dénombre Djalal Mokrani, membre de l’association Rassemblement action jeunesse, très active au sein du Hirak.

Un procédé d’intimidation, relève le JDD « . « Sans surprise, les procès se sont poursuivis à haute cadence cette semaine. Mercredi, le journaliste Khaled Drareni, en détention depuis fin mars pour « incitation à un attroupement non armé et atteinte à l’intégrité du territoire national » alors qu’il couvrait une manifestation, voyait sa demande de liberté provisoire refusée par la justice algérienne. « Juridiquement et matériellement, il n’y a aucun fait justifiant son maintien en détention », soutient Zoubida Assoul, avocate et ancienne magistrate.

Signe du climat éruptif qui règne actuellement dans le pays, deux documentaires diffusés mardi soir sur les chaînes françaises France 5 et La Chaîne parlementaire (LCP), intitulés Algérie, mon amour et Algérie : les promesses de l’aube, ont provoqué la colère d’Alger, qui a rappelé « immédiatement » son ambassadeur en France », relève le JDD.

Un coup de chaud diplomatique qui sert de « prétexte », selon Luis Martinez, à « un rappel à l’ordre ». « Le confinement a en quelque sorte déconfiné le pouvoir, avance le chercheur. Le président Abdelmadjid Tebboune a pu quitter son domicile sans être harcelé, le Premier ministre aussi. Comme si la vacance du pouvoir était terminée.

 

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