Alain Juppé: « L’islam a sa place en France » dans le respect de la laïcité

À Chatou, sous une chaleur pesante, Alain Juppé, candidat à la primaire de droite et du centre, a tenu meeting pour sa rentrée politique a rejeté un « Guantanamo à la française » pour les « fichés S » et estimé que « la religion musulmane a sa place en France à condition que nos compatriotes qui la pratiquent respectent strictement les lois et les valeurs de la République, et notamment l’un de ses piliers : la laïcité ».

Juppé a ainsi rejeté « un Guantanamo à la française » pour les « fichés S », prenant là le contre-pied de son rival Nicolas Sarkozy qui propose de les placer en rétention administrative. « Je le dis clairement : je n’accepterai pas un Guantanamo à la française où l’on enfermerait sans jugement des milliers de personnes, pour une durée indéterminée, et sur simple soupçon », a lancé le maire de Bordeaux devant ses partisans. Les « fichés S » soupçonnés d’activités terroristes « doivent pouvoir être mis préventivement hors d’état de nuire », a poursuivi M. Juppé. « Au-delà, l’intervention d’un juge reste incontournable », a-t-il estimé. « L’autorité judiciaire reste la garante des libertés individuelles et c’est à elle, aux termes de l’article 66 de notre Constitution, qu’il revient, dans la durée, de prendre les mesures privatives de ces libertés », a-t-il assené.

Un risque politique

Nicolas Sarkozy a défendu à plusieurs reprises le « placement sur décision administrative en rétention surveillée de gens qui n’ont pas encore commis de crimes ou de délits, mais dont les services de renseignements savent et connaissent leur dangerosité ». Alain Juppé a également plaidé pour une clarification du débat sur l’islam en France. « La religion musulmane a sa place en France à condition que nos compatriotes qui la pratiquent respectent strictement les lois et les valeurs de la République, et notamment l’un de ses piliers : la laïcité », a-t-il dit. Il a proposé « un accord solennel » entre la République et les représentants des Français musulmans passant d’abord par « l’adhésion à la Charte de la laïcité » dont il a proposé l’adoption. « Je le redis avec force : pour moi, les musulmans qui pratiquent une religion respectueuse de nos lois et de nos valeurs ont toute leur place dans la République. Pas les autres ! » a lancé Juppé, qui veut « tendre la main aux musulmans ». « J’en prends le risque politique », a-t-il dit.

Juppé, le rassembleur

Aux cris de « Juppé, président », le maire de Bordeaux, favori des sondages, a lancé en arrivant devant quelque 2 000 partisans, selon les organisateurs : « On va gagner, mais il va falloir se remuer ! » Il a ensuite dressé sa feuille de route : « rassembler plutôt que chercher à cliver », « rassembler plutôt que vouloir exclure ou stigmatiser », « rassembler plutôt que d’exciter les surenchères ». « Mais je connais la musique. À mesure que l’élan autour de moi continuera de grandir, les attaques pleuvront », a-t-il prévenu. « Ils diront que je suis vieux – je viens de fêter mon 71e anniversaire, bel âge pour accéder au pouvoir comme l’ont fait avant moi d’illustres hommes d’État… », enclenchant un timide « joyeux anniversaire » dans les premiers rangs de l’assistance.

« Ils diront que je suis trop dur… ou trop mou ; à gauche, au centre ou nulle part ; étatiste ou hyperlibéral ; gaulliste ou atlantiste, que sais-je encore ? Tout cela, je vous l’assure, me laissera serein et conforté dans mon projet, a-t-il promis. « Je suis l’homme de la situation », a-t-il lancé, ajoutant « pardon pour ce petit moment d’immodestie », expliquant qu’il ne s’était jamais « senti aussi serein » dans son « corps » et son « esprit » avec « une claire vision de ce qu[‘il] doi[t] faire pour [s]on pays ». « Je refuserai toujours d’instrumentaliser les peurs, de flatter les bas instincts », a-t-il ajouté, prônant une campagne « d’espérance, de vérité, de transparence ».

(Avec AFP)

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