Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb reçoit à déjeuner des responsable du culte musulman en France
Seront notamment présents à ce déjeuner, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Ahmet Ogras, le recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur, le président de l’Union des mosquées de France Mohammed Moussaoui et le président de l’Observatoire contre l’islamophobie Abdellah Zekri, ainsi que les vice-présidents du CFCM.
Au lendemain du remous provoqué par la publication du rapport sur l’organisation de l’islam de France de l’Institut Montaigne, élaboré par Hakim El Karaoui et destiné au président Emmanuel Macron, et de l’annonce d’un congrès des musulmans de France à la mi-novembre à Paris par le CFCM et des fédérations musulmanes, le ministre de l’Intérieur, chargé du culte, réunit les principaux protagonistes du fait religieux pour "échanger" et déminer sûrement le terrain.
"Dans la perspective d’organiser le culte musulman par eux-mêmes et pour eux-mêmes, le Conseil français du culte musulman (CFCM) et les représentants des fédérations musulmanes de France ont décidé d’un commun accord de la tenue d’un Congrès des musulmans de France à la mi-novembre à Paris", indiquait hier un communiqué signé par le CFCM, la grande mosquée de France, l’Union des mosquées de France, la Confédération islamique Milli Gurüs (CIMG France), la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA), la Fédération Invitation et Mission pour la foi et la pratique, la Fédération nationale de la grande Mosquée de Paris (FNGMP), la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), les Musulmans de France, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), et la Mosquée de Saint-Denis de la Réunion (AISD).
Lors d’un colloque organisé vendredi au Sénat par le CFCM et les sénateurs Nathalie Goulet et André Reichardt, les intervenants ont fait part de leur mauvaise humeur concernant le rapport El Karoui, estimant que c’est aux musulmans d’organiser leur culte et non à l’Etat français.
Le rapport préconise une taxe hallal institutionnalisée, un tracfin islamique pour contrôler le flux des financements, la création d’une association cultuelle qui chapeaute le tout et l’apprentissage de l’arabe. Cette dernière proposition a réveillé les relents racistes de certains responsables politiques français.
Le CFCM ne veut entendre parler ni d’une taxe hallal gérée par l’Etat – le chiffre d’affaires du marché hallal en France étant de près de 6 milliards d’euros – ni d’une association cultuelle et encore moins d’un tracfin islamique.
Dans une allusion à peine voilée au rapport de Hakim El Karoui, le président du CFCM, Ahmet Ogras, a pointé d’un doigt accusateur les personnes qui se présentent "comme des spécialistes" de l’islam de France. Ils "souffrent soit d’une incompétence, soit d’un manque d’objectivité, soit d’une absence de légitimité", a-t-il dit.
"Nous avons besoin de vrais experts, reconnus effectivement dans leurs domaines, capables de travailler avec des experts d’autres domaines, afin de dresser et proposer de vrais solutions", a-t-il ajouté, estimant qu’"il ne suffit pas d’avoir des origines musulmanes pour disposer de la légitimité de parler au nom des musulmans."
Le président français devait annoncer une nouvelle organisation du culte musulman. Mais elle est à chaque fois retardée tant le dossier est miné par des intérêts divergents.