Le jour même où Martine Aubry devait enfin se lancer dans la présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a rien trouvé de plus pertinent à faire que d’organiser une sortie dans la région de la Sarthe, le fief du premier ministre François Fillon. L’occasion était trop belle pour montrer la cohérence de l’exécutif. Le President n’avait pas tari d’éloges sur son premier ministre, évacuant par la même occasion cette lourde impression qu’entre les deux hommes, une froide cohabitation était à l’oeuvre.
Mais dans ses calculs de Com, Nicolas Sarkozy fut servi au-delà de toute espérance. Le jour même de l’entrée en lice de Martine Aubry, Christine Lagarde est choisie à la tête du FMI. Même si une fine couche de suspense voilait cette compétition , tout se jouait sur la date de son annonce qui allait permettre à Nicolas Sarkozy de procéder à son mini remaniement. La date ne pouvait mieux tomber. Le jour où Martine Aubry demandait à être adulée, Christine Lagarde lui vole la vedette et grignote même et les entrées des grands journaux d’information télévisés et les Une de la presse du lendemain.
Les communicateurs de l’Elysée doivent se frotter les mains de plaisir. Ils viennent de réussir involontairement le triple coup parfait. En plus de montrer la cohérence gouvernementale rêvée par Nicolas Sarkozy, installer Christine Lagarde comme la femme du jour au moment où Martine Aubry rêvait d’un grand sacre.
La réussite de Christine Lagarde rejaillit directement sur Nicolas Sarkozy. Son choix à la tête du FMI est son oeuvre personnelle, commencée lors du sommet du G8 de Deauville. Son lobbying est d’autant plus méritoire qu’il était extrêmement difficile de placer un ou une française à la tête de cette vénérable institution dont le patron, le français Dominique Strauss-Kahn, est actuellement poursuivi à New York pour crime sexuel.
Il est vrai que ce poste est traditionnellement réservé à une personnalité européenne, mais parvenir à le garder français après les déboires de DSK relevait simplement de l’exploit. Sans même se donner la peine de fanfaronner dans les médias sur cette réussite, Nicolas Sarkozy est assuré d’en recueillir les bénéfices. C’est le verre à moitié plein.
Les supporters de la moitié vide n’hésiteront pas à affirmer qu’une telle nomination met Nicolas Sarkozy dans l’embarras dans la mesure où il peine à lui trouver un successeur qui ne lui complique pas d’avantage sa petite équation politique du moment et dans la mesure aussi où en plein campagne présidentielle, sa politique risque d’être symbolisée par le politique de rigueur incarnée par Christine Lagarde à la têt du FMI. Cela donnera a des femmes comme Martine Aubry des munitions pour l’attaquer.
Entre Martine et Christine, Nicolas Sarkozy semble se livrer à un slalom gagnant. Avec l’atout Christine, il vient de retrouver une confiance en sa capacité à convaincre, séduire et faire bouger les lignes. Autant de slogans sur lesquels il peut bâtir une campagne de charme et de reconquête, Si l’élection présidentielle se joue rarement à l’international, avoir une certaine crédibilité à l’étranger là où les adversaires pèchent par ignorance ou désintérêt, peut aider à faire la différence.