Ce Centre aura pour mission, entre autres, de mener des études scientifiques, en partenariat avec l’Université Abdelmalek Essaâdi et en collaboration avec d’éminents chercheurs marocains et internationaux, pour mieux connaître et présenter cette communauté au public le plus large au Maroc et à l’étranger, résidents ou visiteurs, toutes confessions confondues.
Géré par un Comité regroupant des personnalités de Belgique, de France, d’Espagne, du Brésil, d’Israël, des Etats-Unis et du Maroc, le CJNM fait partie d’un ensemble d’initiatives de la communauté juive du Maroc, portées dans le cas présent notamment par la Communauté Israélite de Tanger, la Fondation Donna et Haïm Benchimol.
Le CJNM établira son siège au bureau de la Communauté Israélite de Tanger, et abritera une bibliothèque et un lieu de résidence dédié aux chercheurs. « Ce Centre est spécialement consacré à l’étude et à la recherche sur le judaïsme du Nord du Maroc, notamment ses coutumes, son histoire et sa langue », a fait savoir le président de la communauté juive de Tanger, Serge Berdugo, relevant que cet établissement aura pour mission de collecter, préserver et promouvoir une culture commune non seulement aux juifs du Maroc, mais aussi aux andalous.
Dans une déclaration à la presse en marge de cette rencontre, M. Berdugo a souligné que ce Centre s’inscrit en droite ligne avec la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI pour la préservation de l’identité plurielle du Maroc et la Haute Sollicitude dont le Souverain n’a eu de cesse d’entourer la chose religieuse en général, et les lieux de culte en particulier, notant que cette structure permettra de donner un nouveau lustre à cette culture. « Nous voulons aujourd’hui mettre en lumière cette culture et en faire profiter le maximum de personnes au Maroc et à travers le monde », a-t-il insisté, soulignant que cette rencontre, qui a connu la participation de 30 experts, dont 18 en présentiel et 12 à distance, a été l’occasion d’examiner les voies et les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs escomptés.
Pour sa part, le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Driss El Yazami, a indiqué que cette rencontre a réuni d’éminents intervenants, dont des historiens, des académiciens et des personnes intéressées par la mémoire des Juifs du Nord du Maroc, notant que l’objectif était de créer un centre qui s’intéresse aux particularités et à la culture des Juifs de la région du Nord, notamment de Tétouan, d’Assilah, de Larache et de Tanger.
M. El Yazami a précisé que l’une des particularités de la communauté juive de la région du Nord est son rôle économique et culturel important, et sa migration depuis le XIXe siècle vers un certain nombre de pays, en particulier vers les pays d’Amérique latine.
Il a affirmé que cette initiative, qui enrichira la mémoire et l’histoire du Maroc, reflète les relations solides entre les communautés marocaines, musulmane et juive, en plus du fait qu’elle s’inscrit dans un contexte marqué par un intérêt croissant pour le Maroc à plusieurs niveaux, notamment à l’histoire et à la mémoire du peuple marocain avec ses différentes composantes, faisant savoir que ce Centre aura pour mission de collecter des archives de plusieurs pays et d’organiser des activités culturelles et intellectuelles.
De son côté, le directeur des Archives du Maroc, Jamaâ Baida, a souligné que cette rencontre internationale a été l’occasion de réunir un certain nombre d’experts des archives du Maroc, d’Europe et d’Amérique, tant en présentiel qu’à distance, en vue de créer un Centre des archives lié aux juifs marocains, notamment ceux du Nord du Maroc, précisant que le Centre lancera une plateforme numérique dédiée à la collecte et la présentation au public de ces archives.
Il a fait observer que les archives qui seront présentées par ce Centre ne sont pas uniquement pour motif de recherche, mais elles devraient avoir des répercussions sur le développement du Nord du Maroc, puisqu’elles seront au centre des préoccupations des chercheurs du monde entier, qui contribueront à la collecte des données scientifiques et patrimoniales.
« Cette initiative permettra de consacrer la position du Maroc, connu pour son ouverture sur le monde et sa diversité culturelle, linguistique et religieuse », a-t-il poursuivi, rappelant que la constitution de 2011 consacre la pluralité de l’identité marocaine.
Quant au philosophe, Baruj Garzon, il a assuré que la création de ce centre de recherche et des archives vise à mettre en exergue la mémoire partagée entre musulmans et juifs au Maroc pendant des siècles, qui constitue un exemple de coexistence et de partage de souvenirs et de grands espoirs pour le monde.
« Ces âmes dispersées dans le monde n’ont jamais quitté le Maroc et sont attachées à ce pays », a-t-il dit, appelant les membres de la communauté juive à travers le monde à contribuer à préserver cette mémoire, avec des souvenirs, des documents et des objets qui portent une partie de leur âme.
Pour le président du Centre de la culture judéo-marocaine à Bruxelles, Paul Dahan, cette nouvelle institution vient répondre à la demande de nombreux Marocains, dont ceux d’origine juive, de retrouver leurs racines au Maroc, et vise à promouvoir et préserver cette culture commune. Cette rencontre, organisée par le Conseil de la communauté israélite du Maroc, le Centre de la culture judéo-marocaine (Bruxelles) et le Dr. Aviad Moreno de l’université Ben Gourion (Bershéva), a été l’occasion de braquer les projecteurs sur la mémoire et l’histoire particulièrement riche des juifs dans le Nord du Royaume, en plus de définir les futures missions du CJNM.
Réunissant les membres du comité du CJNM, aux côtés d’éminents intervenants, historiens, académiciens, scientifiques, chercheurs en judaïsme et migrations, et de membres de la communauté juive du Maroc et de l’étranger, cette rencontre a été marquée par des visites de lieux emblématiques notamment à Assilah, Larache et Tanger, témoins d’une histoire millénaire des descendants des Juifs d’Ibérie habitants dans la région du Nord, dont beaucoup ont immigré en Amérique latine au fil des siècles.
Il est à rappeler que cette rencontre se tient quelques jours après l’inauguration de la synagogue Assayag, et l’ouverture de l’Espace muséal « Beit Yehouda » dans la médina de Tanger, dans l’objectif de la réhabilitation de la culture judéo-marocaine, et la préservation de cette composante de la mémoire de la région du Nord.