L’embrasement est possible en Algérie
Le premier tour de la présidentielle algérienne, ce 17 avril, rassemble tous les ingrédients d’une déflagration majeure, surtout si le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, diminué par la maladie, était proclamé vainqueur sans second tour. L’ancien premier ministre Ali Benflis, son principal opposant, a prévenu qu’en cas de fraude, il lâcherait dans la rue « les armées de citoyens qui le soutiennent ». L’armée a été mise en état d’alerte. Les plus fortunés ont envoyé leurs enfants à l’étranger et ouvert des comptes temporaires hors du pays. Les plus pauvres stockent des vivres. À la veille de ce premier tour, Paris et Washington redoutaient l’embrasement de ce pays de 39 millions d’habitants, verrou géostratégique du Maghreb et du Sahel.
Grâce aux chaînes satellitaires et aux réseaux sociaux, les Algériens observent avec autant d’espoirs que de craintes ce qui se passe en Tunisie, en Égypte, au Maroc, le grand rival, dont la modernisation maîtrisée les conduit à s’interroger sur la stagnation de leur pays, malgré d’immenses ressources naturelles. L’enjeu majeur de cette présidentielle est précisément d’élire un chef de l’État capable de réformer le pays et de lui faire changer de cap.
Piégée par sa richesse gazière et pétrolière (97 % de ses revenus), l’Algérie importe 90 à 95 % de ce qu’elle consomme. Le régime maintient la paix sociale à coups de recrutement public et de subventions — 19 milliards de dollars de transferts sociaux prévus en 2014 et 25 milliards de subventions occultes. Ce système suicidaire vient d’être qualifié d’« insoutenable » par Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d’Algérie.