Depuis l’assaut de mercredi contre des campements de partisans de Mohamed Morsi et des Frères musulmans, dont l’ancien président est issu, environ 750 personnes ont été tuées, et des affrontements sont encore signalés samedi dans une mosquée du Caire. (voir )
"Ce que l’Egypte traverse actuellement, c’est le prix, le prix élevé, à payer pour se débarrasser de l’organisation fasciste des Frères avant qu’elle prenne le contrôle de tout et nous chasse tous", a déclaré Mahmoud Badr au cours d’une interview accordée par téléphone à Reuters.
Le journaliste de 28 ans et deux camarades sensiblement du même âge ont lancé il y a trois mois le mouvement "Tamarod-Rebelle" pour exiger le départ de Mohamed Morsi. Ils affirmaient avoir recueilli 22 millions de signature avant les grandes manifestations du 30 juin contre le président islamiste.
L’armée, menée par le général Abdel Fattah al Sissi, a exaucé le 3 juillet les vœux de Tamarod, en déposant Mohamed Morsi et en le mettant aux arrêts, ce qui a provoqué en retour une vaste mobilisation des partisans des Frères musulmans pour demander le retour du chef d’Etat déchu.
PLUS DE CONTACT AVEC L’ARMEE
Les forces de sécurité sont finalement intervenues mercredi matin contre les principaux rassemblements islamistes du Caire, et Mahmoud Badr est alors apparu à la télévision publique pour demander aux Egyptiens de former des "comités populaires" pour lutter contre les Frères.
"Je n’ai rien vu de mal de la part de l’armée", a déclaré à Reuters Mahmoud Badr, à qui des responsables de sécurité ont conseillé de s’abriter dans un lieu tenu secret. "Elle ne s’est pas mêlée de politique, et j’en suis témoin."
Il a précisé ne plus avoir de contact avec l’armée depuis une rencontre le 3 juillet avec Abdel Fattah al Sissi, en présence de généraux, d’un cheikh, du pape copte orthodoxe, Taouadros II, d’un haut magistrat et de dirigeants d’opposition.
"Maintenant, mon rôle, c’est d’agir en tant que groupe de pression en observant la transition politique, et d’être prêt à intervenir si les choses vont dans la mauvaise direction", estime Mahmoud Badr.
Le fondateur de Tamarod ne partage pas les préoccupations d’une partie du camp libéral, qui craint que le rôle grandissant de l’armée, ainsi que la mise en avant de la police lors des assauts contre les islamistes, présagent d’un retour à la répression de l’époque de l’ancien président Hosni Moubarak.
Et il a un message à l’adresse du président Barack Obama:"Ne nous faites pas la morale sur notre façon de traiter avec le terrorisme de la confrérie". Et il ajoute à propos de l’aide financière américaine, qu’Obama la garde et "aille en enfer".
C’est lors de la révolution qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak, en février 2011, que Mahmoud Badr a fait ses premières armes politiques. Il se dit désormais raisonnablement optimiste sur l’avenir politique de l’Egypte, même s’il prévoit" plus de violences et de possibles assassinats politiques."
"Nous finirons par gagner contre le terrorisme, nous finirons par gagner la guerre civile", annonce-t-il.