Valérie Pécresse, un danger pour Emmanuel Macron

C’est un des énormes frissons de cette campagne présidentielle française. Le parti Les Républicains vient de choisir à travers un congrès des militants une femme, Valérie Pécresse, pour le représenter dans la course à l’Elysée. C’est une première. Car ce parti qui a pour ancêtre le général De Gaulle et pour icônes historique Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n’a jamais confié à une femme le premier rôle de son combat politique.

Et voilà qu’après un congrès interne, où seuls les militants dûment inscrits avaient le droit de vote, Valérie Pécresse, présidente de la région île de France est choisie pour accomplir ce rôle inédit pour une femme sous le ciel des républicains.

Il faut dire que le choix de Valérie Pécresse, s’il rompt spectaculairement le leadership masculin du parti républicain, un parti traditionnellement de l’ordre et un brin libéral autoritaire, donne aussi la preuve qu’il n’est pas mort politiquement contrairement à ce qui a été constaté par beaucoup à gauche comme à droite.

Sa capacité à organiser un congrès avec des élections internes incontestables, les multiples débats télévisés auxquels ont participé ses candidats avec calme et détermination, les multiples propositions politique qui ont été débattues sans concession, ont montré que la droite classique, celle qu’on appelle la droite de gouvernement était encore vivante et capable de présenter une offre politique distincte.

Les concurrents de cette droite ne sont pas trompés sur sa capacité à renaître de ses cendres et à faire oublier la triste et scandaleuse séquence dans laquelle l’épisode François Fillon l’avait plongé.  Aussi bien Eric Zemmour que Marine Le Pen ne ratent aucune occasion de faire des appels de pieds à cet électorat de Valérie Pécresse qu’on pense sensible à leurs thèses extrémistes sur l’immigration et le vivre ensemble.

De nombreux défis attendent Valérie Pécresse. Le plus important est de souder sa famille politique autour d’elle pour éviter les dissonances d’ego et les chausse-trappes dont souffre actuellement la gauche et qui brouillent son horizon immédiat.

L’unité de son parti, un pari non gagné encore comme le montrent les aigreurs montrées par son conçurent en finale républicaine Eric Ciotti , sera le facteur déterminant pour son échec ou sa victoire . D’ailleurs, un homme comme Eric Zemmour, chasseur d’opportunités, ne s’y est pas trompé en appelant ouvertement les électeurs de « son ami Eric Ciotti » à le rejoindre.

Pour Emmanuel Macron, la victoire de Valérie Pécresse est une nouvelle inquiétante, source d’interrogations et d’angoisses. L’actuel président de la république sait depuis longtemps que le danger qui pourrait le priver d’un second mandat ne viendrait ni d’une extrême droite incarnée aujourd’hui par le duo LePen/Zemmour écrasée par un incassable plafond de verre malgré toutes les gesticulations des uns et des autres , ni d’une gauche moribonde et en miettes incapable de se mettre d’accord sur un programme ou un leadership comme le montrent les écarts idéologiques entre le vert Yannick Jadot, l’insoumis Jean Luc Mélenchon ou la socialiste maire de Paris Anne Hidalgo.

Emmanuel Macron sait que ce danger lui viendra de cette droite républicaine qui vient aux yeux des Français de renaître de ses cendres et de porter pour la première fois une femme à sa tête. Et cette réalité, Emmanuel Macron là savait depuis le début. Ce qui explique son lourd investissement a cannibaliser les ressources humaines de cette droite comme il l’avait fait avec ses deux premiers ministres Édouard Philippe, actuellement en orbite pour 2027, Jean Castex ou des ministres importants comme Bruno Le Maire à l’économie où Gérald Darmanin à l’Intérieur.

A ce stade de la campagne, la conviction est installée selon laquelle si Valérie Pécresse parvient à se qualifier au second tour, en face de Macron, éliminant par conséquent l’extrême droite, rien ne pourra réellement s’opposer à son entrée à l’Elysée.

Elle pourrait selon les réflexions du moment bénéficier de deux facteurs essentiels. Le premier est que dans leurs oppositions intransigeantes à s’opposer à Emmanuel Macron, de nombreuses forces politiques, de droite comme de gauche, pourraient se liguer contre Emmanuel Macron et dérouler le tapis rouge vers l’Élysée à Valérie Pécresse. Cette démarche s’inscrit dans la logique de tout sauf Macron et l’extrême droite pour 2022.  Pécresse offrirait donc cette facilité de mettre fin à l’ère Macron sans tomber dans l’inconcevable en permettant l’accès à l’Élysée à l’extrême droite.

Le second facteur encourageant qui pourrait jouer en faveur de Valérie Pécresse qualifiée au second tour de la présidentielle est la tendance actuelle française à offrir le pouvoir suprême pour la première fois à une femme. Ce qui était impossible avec Marine Le Pen, icône de l’extrême droite infréquentable, deviendrait souhaitable avec Valérie Pécresse, porte drapeau de la droite de gouvernement.

 

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