Seddik Khalfi: « Au Rassemblement National, on oublie trop souvent les principes républicains »

Candidat aux élections législatives anticipées dans la 9ème circonscription des Français établis hors de France (Maghreb & Afrique de l’Ouest) sous l’étiquette LFI, mais non investi officiellement par le parti de Jean-Luc Mélenchon, Seddik Khalfi affirme qu’il rejoindra les rangs de la gauche unie à l’Assemblée nationale s’il est élu. Bordelais et père de trois enfants, Seddik Khalfi s’est installé au Maroc depuis près de 20 ans. Il se présente comme un militant LFI de terrain depuis 2018, qui tient régulièrement les bureaux de vote de Casablanca pour LFI lors des élections.

Sur votre visuel de campagne, on voit trôner derrière vous la photo de Jean-Luc Mélenchon. Or, vous n’avez pas reçu l’investiture de LFI. Vous n’allez pas juste siphonner des voix au candidat investi par le Nouveau Front Populaire, le député sortant Karim Bencheikh, sans garantie d’emporter le scrutin ?

Seddik Khalfi : Effectivement, je suis un simple militant Insoumis qui habite la circonscription et j’ai présenté ma candidature en interne du parti. Il se trouve que le député sortant n’est pas LFI mais issu du micro-parti Génération.s. Ma candidature est une candidature de terrain avec un vrai encrage, et j’espère qu’elle soit utile et permette à minima aux états-majors de partis d’entendre une bonne fois pour tout notre désarroi face aux parachutages qu’ils nous imposent.
Ma démarche est sincère et j’espère bien évidement remporter un maximum de suffrages. Ces voix, nos voix, ne sont pas la propriété d’une personne ou d’un clan, comme on le croit à Paris. Nul ne peut se prévaloir de la garantie de l’emporter, et chaque citoyen est libre de présenter sa candidature. C’est la base de la démocratie et le sens même d’une élection. C’est aux électeurs de choisir parmi les 19 candidatures en lice dans notre circonscription.
Quant à la menace de l’extrême droite, elle est très limitée dans notre circonscription du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. Les 30% à Agadir ou Marrakech lors des récentes européennes ne sont que le reflet de l’abstention.

 Quelle valeur ajoutée vous comptez apporter et quel est votre programme ?

Je veux être un vrai représentant, issu de nos rangs, pour mes compatriotes Français établis ici. Je connais leurs préoccupations puisque je les partage. On me parle de santé, d’éducation et de fiscalité et c’est bien sur ces sujets, mais vus du prisme des Français établis hors de France que je compte porter mes efforts.
Je milite à gauche depuis toujours. Mon engagement syndical et politique a commencé dès le lycée en 1997. J’endosse et valide donc le programme du Nouveau Front Populaire auquel j’apporterai bien sûr mon soutien. J’avoue que j’aurai préféré que le programme de L’Avenir en commun porté par Jean Luc Mélenchon à la présidentielle soit une base plus inspirante pour cette union de la gauche. Mais les délais étaient très courts. En tout cas vous pouvez compter sur les Insoumis dont je suis pour ne pas dévier de la route tracée par ce programme.

 Etant un binational, la question discriminatoire de la binationalité est au centre du programme du RN. Quelle est votre réponse à l’extrême droite sur ce sujet ?

Au Rassemblement National, on oublie trop souvent les principes républicains. Qu’ils le veuillent ou non, la République s’est construite sur un pacte de valeurs universelles proclamées par le peuple à la Révolution. C’est un contrat pas une ethnie. Le RN nous appelle de manière sarcastique « les chances pour la France». C’est le cas.
Je suis binational, Franco-Marocain ou Maroco-Français, comme vous voulez. C’est d’ailleurs aussi le cas d’une bonne partie des électeurs de notre circonscription. Comme eux, je suis pleinement Français et pleinement Marocain. Gascon et Kebdani. C’est l’opportunité de sortir du simple rôle d’observateur pour servir, être un pont, un facilitateur de compréhension.
Des questions essentielles, comme l’intégrité territoriale du Maroc doivent être entendues et défendues à Paris par exemple. Je suis donc une chance pour la France comme ils disent, et aussi pour les pays où nous vivons. Une chance d’avoir des relations plus apaisées, sincères et équilibrées.

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