Sahara marocain: ce qu’implique la reconnaissance des Etats-Unis

Tous les observateurs constatent, depuis de nombreuses années, que le Maroc engrange régulièrement les gains de sa patiente diplomatie, avec la multiplication des Consulats à Laâyoune et à Dakhla. Ainsi, la récente décision des Etats-Unis de reconnaître sa souveraineté complète sur les Provinces du Sud, relève de ce mouvement général.

Cependant, s’agissant de la première puissance mondiale, on comprend que la décision a un effet de taille et que désormais l’issue du conflit est proche. Même si nous pouvons dire qu’elle était dans « les tuyaux » en raison des déclarations de ses représentants aux Nations-Unies depuis quelques années, nous savons aussi qu’elle pouvait y rester confinée encore quelques mois ou même quelques années.

Donc, ne nous trompons pas, voyons clair ! L’influence de la diplomatie marocaine dans le monde est bien connue, pour les impulsions déterminantes du Roi, pour sa subtilité et la fermeté bienveillante du ministre Nasser Bourita. Il ne fait pas de doute, que les Marocains lui doivent ce cadeau de fin d’année. La survenue soudaine de cette déclaration américaine, moins de deux mois après la Résolution 2548 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 30 0ctobre 2020, indique que, désormais, les jeux sont faits, que l’issue est tracée, et que le Droit international va enserrer le Fait marocain sur le territoire. Comme l’a dit Talleyrand, si cela allait sans dire, cela ira mieux en le disant.

Je vois dans cet événement l’opportunité d’ouvrir une réflexion, afin de décoder les marques d’un conflit de presque un demi-siècle.

Renversons le mouvement. Allons à ses prémices.

On n’étonnera pas grand monde en osant dire que les idéologies politiques sont des filtres qui permettent de voir ce qui n’est pas et de ne rien voir de ce qui est. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire. Au premier rang des aveugles, les systèmes totalitaires ! Le siècle passé porte encore les traces de leurs méfaits, mais leurs théories géométriques n’ont pas survécu à leur anéantissement. Ainsi le large mouvement de reconnaissance et la récente déclaration solennelle des Etats-Unis sur la souveraineté du Maroc au Sahara atlantique, doivent être compris comme l’aboutissement de la déconsidération mondiale pour ces idéologies du passé.

Est-il besoin de rappeler que lors de son accession à l’indépendance en 1962, l’Algérie, installée dans le camps communiste et panarabiste, anima des conflits avec son voisin. Dès 1963, ce fut la « guerre des sables » qui tourna en quelques jours à sa totale confusion. Cette témérité maladroite forgea chez les politiques et les militaires un sentiment d’hostilité secrètement teinté d’aigreur et de rancœur. L’attente d’une opportunité plus avantageuse ne pouvait tromper. Celle-ci fut trouvée en 1975, lors du retrait de l’Espagne du Sahara de l’Ouest, qu’elle administrait depuis 1884. Comprenant que l’histoire conduisait le Maroc à prendre en charge le territoire, l’Algérie ressuscita le Polisario, un ancien mouvement de résistance à la colonisation, créé par les Marocains. Présenté comme le seul

représentant des populations sahraouis, celui-ci a eu mission d’établir un voile sur les prétentions de son mentor de disposer, grâce à la création d’un Etat croupion, d’accès portuaires à l’Océan.

Il ne s’agit rien de moins que de cela. Le « peuple saharaoui » a été aussitôt instrumenté sur le ton du droit à l’autodétermination et des droits de l’homme. Maintenu dans une dépendance étroite, contraint policièrement, il n’a eu aucune capacité autonome d’expression. Ainsi, l’un de ses dirigeants, Ahmed El Khalil, ayant été tenté de détendre quelque peu les chaînes et les méthodes, a été arrêté à Alger en 2009. Sa famille de Tindouf, ses enfants qui vivent en France, ses frères au Sahara marocain, n’ont jamais été en mesure d’avoir de ses nouvelles. Son dossier m’ayant été confié, je n’ai jamais obtenu la moindre réponse de la justice algérienne à mes demandes d’informations.

Je ne peux enfin passer sous silence les conditions de vie brutales et misérables qui sont imposées aux résidents des camps de Tindouf. Leur situation est si pénible, qu’une organisation non gouvernementale comme France Libertés, aussi engagée favorablement vers la cause algérienne, créée par Danièle Mitterrand, les dénonça en 2003, dans un rapport retentissant.

Observons le mouvement, son aboutissement y est inscrit

Un certain Baltazar Gracian, Jésuite espagnol du XVIIème siècle, très ouvert sur le monde et le grand monde, promenait un regard dubitatif sur ce que l’on appelle aujourd’hui les faits sociaux. Maître dans l’art de l’aphorisme, il nous a laissé des expressions choc, comme celle-ci : Qu’il est aisé de voir quand il n’y a plus rien à voir. Il me semble qu’elle traduit parfaitement l’état de la question.

Il manquait au mouvement son aboutissement. Aujourd’hui, de Tanger à Guerguerat, il est aisé de voir qu’il n’y a plus rien d’autre à voir que le Maroc. Nous pouvons constater que la réalité très concrète de la pensée actuelle des gouvernements et des institutions comme l’ONU ou l’Union européenne, dessine devant les yeux les plus hostiles cette carte du Royaume. On ne peut plus douter, le chaînage déterministe des faits conduit à une unité politique internationale générale sur le sujet.

En conséquence, nous avons la leçon.

45 ans de conflits aux causes d’un autre temps et étrangères à toute réalité, sont condamnés par la communauté internationale, comme contraires à la Raison. Au temps des allégations et imputations mensongères et des injures belliqueuses, succède un temps réconciliation fraternelle porteur de paix et de développement.

Hubert Seillan,

Juriste; Avocat au Barreau de Paris ; Membre de la Plateforme Internationale pour le Sahara marocain ; Président de la Fondation France Maroc.

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