Négociations sur la Syrie: encore « des questions difficiles à régler » (Fabius)
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué mardi qu’il y avait encore « des questions très difficiles à régler » sur les compositions des délégations et l’ordre du jour des négociations intersyriennes qui doivent débuter vendredi à Genève.
"Il y a une règle simple, ce n’est pas à une partie d’imposer le contenu de la délégation à une autre", a souligné M. Fabius alors que le régime de Damas, l’opposition, et leurs parrains internationaux respectifs s’écharpent sur la question de savoir qui est légitime pour négocier.
La question de la participation des Kurdes particulièrement pose problème. Alors que le principal parti kurde syrien PYD ne figure pas sur la liste de l’opposition, Moscou estime que sans sa présence les négociations ne mèneront à rien. Mais la Turquie, qui soutient l’opposition, refuse catégoriquement la participation de ce groupe aux négociations de Genève.
Pour la France, "c’est le groupe de Ryad qui est représentatif", a rappelé M. Fabius. Les principaux groupes de l’opposition armée et politique syrienne se sont mis d’accord en décembre à Ryad sur une plateforme et la constitution d’une délégation, qui exclut le PYD, accusé de complaisance avec le régime de Damas.
Néanmoins, le chef de la diplomatie française a laissé la porte ouverte à une participation des Kurdes: "La diplomatie est un art suffisamment subtil pour qu’on puisse admettre qu’il y a des délégations (officielles), même si d’autres qui ne sont pas directement négociateurs peuvent être consultés", a-t-il dit.
L’opposition de Ryad doit annoncer mardi sa décision de participer ou non aux pourparlers de Genève, censés ouvrir la voie à une solution politique pour mettre fin à la guerre qui a fait plus de 260.000 morts en près de cinq ans.
"Il y a un autre problème, quel est le contenu de ces négociations ?", s’est interrogé M. Fabius. "Il faut discuter de tout, et notamment de ce qu’on appelle le gouvernement de transition", a-t-il insisté, rappelant que pour Paris le président syrien Bachar al-Assad ne pouvait être "l’avenir de la Syrie".
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Steffan de Mistura a annoncé mardi
que les négociations intersyriennes aborderaient en priorité le "cessez-le-feu" et l’"aide humanitaire".
La feuille de route internationale agréée à l’ONU en décembre pour une solution politique en Syrie prévoit la formation d’un gouvernement de transition dans les six mois, et des élections dans les 18 mois.
De précédentes négociations intersyriennes à Genève il y a un an avaient échoué sur l’ordre du jour, l’opposition réclamant de parler de la transition tandis que le régime plaçait la question du terrorisme comme priorité.