L’information a fait l’effet d’un véritable Breaking News dans les milieux qui suivent la glaciale relation entre Rabat et Paris. C’est l’appel téléphonique entre le Roi du Maroc Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron ce premier novembre et qui aurait duré une demi heure.
Et pour cause, ces derniers mois la relation entre les deux pays a connu une inquiétante sécheresse. Le dialogue politique entre les deux autorités marocaine et française n’a jamais été aussi bas. Une rareté de visites officielles qui révélait un éloignement certain, une gigantesque bouderie sans explication apparente.
Deux grands alliés qui ne se parlent plus et ne communiquent plus officiellement. Jusqu’à aboutir à une situation irréelle, alarmante, celle de ne pas disposer d’ambassadeurs. L’une, Hélène Le Gal a quitté le Maroc pour cause de fin de mandat. L’autre, Mohamed Benchaaboune, appelé à présider le Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
Même si cette situation tient plus probablement de la coïncidence diplomatique que d’une surenchère, elle expose aux yeux des opinions l’angoissant spectacle d’une sourde rupture entre deux pays qu’un partenariat stratégique est censé lier contre vents et marées.
Et cette fâcherie dure depuis des mois. Elle a pris des aspects d’indignations populaires quand les Marocains ont manifesté, du moins sur les réseaux sociaux, leurs colères et leurs amertumes face à l’arme des visas dressée contre eux comme la sanction française suprême. Le soft power français en a pris un sacré coups dans un pays où la langue française, le rapport à la culture française fait partie intégrante de la diversité marocaine.
C’est la somme de toute cette crise profonde que le coup de téléphone entre le Roi Mohammed VI et le président Emmanuel Macron est venue positivement secouer. Dès son retour d’Alger, Emmanuel Macron a fait part de son intention de rendre visite au Maroc. L’intention était louable mais pas la méthode.
La visite n’eut pas lieu fin octobre comme souhaitée par Macron, les Marocains ayant sans doute jugé que les enjeux sont tellement lourds qu’ils ne supportent ni l’improvisation, ni les approximations.
D’où ce contact téléphonique entre les deux chefs d’Etat dont on imagine que la fonction première est de déterminer le cadre et la profondeur stratégique d’une telle visite. Car il semble clair pour tout le monde que si visite il doit y avoir, ce n’est pas uniquement pour une photo souvenir sous le ciel de Rabat mais bien pour acter une nouvelle dynamique entre la France et le Maroc.
Et dans ce contexte particulier, les demandes marocaines se résument aujourd’hui en un seul point : que Paris reconnaisse la pleine et entière souveraineté du Maroc sur son Sahara, comme l’ont fait les États-Unis d’Amérique. Il est vrai que contrairement à ce qu’espéraient certains milieux hostiles, la France n’ai pas cédé au chantage algérien et a voté la résolution 2654 qui soutient la solution marocaine de l’autonomie pour mettre fin au conflit du Sahara entre le Maroc et l’Algérie.
L’appel téléphonique entre les deux chefs d’Etat, signe d’un retour de flamme et la relance du partenariat entre les deux pays que peut incarner la visite d’Emmanuel Macron au Maroc, devrait crever les abcès qui paralysent la dynamique entre Rabat et Paris.
C’est ce qui explique ce vent d’optimisme qui souffle actuellement sur l’axe Paris/ Rabat. La relation entre les deux pays est arrivée à un tournant historique où la partie française doit faire bouger les lignes de sa diplomatie pour pouvoir décadenasser ses liens avec le Maroc. Le temps du clair-obscur, de la zone grise, parfois du double discours est révolu.