Macron et le RN, une ambiguïté française !

Sans crier gare, Emmanuel Macron avait dégoupillé une polémique politique dans le spectre français a le secret. Dans une interview, ce qui signifie pour les communicants, une déclaration mûrement réfléchie, le président de la république avait décrété que deux partis, le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen et Conquêtes d’Eric Zemmour, ne faisait pas partie de l’arc républicain. Tollé général et intenses polémiques dans les médias affiliés à cette extrême droite française.

Il faut dire qu’Emmanuel Macron avait sorti cette histoire d’arc républicain comme un cheveu sur la soupe. Personne ne s’y attendait, d’autant plus que sa gouvernance donnait cette solide impression d’accepter le RN comme un parti comme les autres. Le Premier ministre Gabriel Attal ne venait-il pas de déclarer solennellement que pour lui l’arc républicain, c’est l’Assemblée nationale où le parti de Marine Le Pen dispose de 89 députés ? Emmanuel Macron n’avait-il pas organisé des séances de dialogue national avec les chefs de partis dont Jordan Bardella, président du RN ? Sans aucune contrition idéologique, ni tentation de se pincer le nez.

Cette violente charge inattendue de Macron contre l’extrême droite semble avoir plusieurs raisons, y compris une essentielle. Celle de l’application du fameux « En même temps ». Emmanuel Macron adopte deux postures en même temps. D’un côté, il court derrière le programme de l’extrême droite comme l’avait montré récemment l’adoption par le parlement d’une version radicale de la loi sur l’immigration avant d’être opportunément expurgée par le conseil constitutionnel de ses articles les plus polémiques. De l’autre côté, il tire la sonnette d’alarme devant les tentatives réussies, jusqu’à présent, du processus de dédiabolisation de Rassemblement National. Cette normalisation a permis à l’extrême droite de faire entrer un groupe massif de parlementaires à l’assemblée nationale et de rêver à haute voix de conquérir L’Elysée en 2027.

C’est sans doute dans ce contexte de craintes et d’angoisses de voir cette extrême droite se renforcer à vue d’œil qu’il y a actuellement une volonté de la gouvernance de Macron de cibler les médias qui ont font à la fois sa promotion et sa propagande. Récemment le groupe médiatique de l’homme d’affaire Vincent Bolloré, composé de médias comme Cnews, C8, Europe 1 ou le JDD, a été ciblé par de sourdes critiques venant de certaines institutions, l’accusant de violer les règles les plus basiques de la déontologie journalistique, en organisant une parole politique unicolore et sans diversité.

La violente charge contre ces médias, à quelques semaines des élections européennes, indique que la gouvernance Macron est entrée dans une logique politique de tenter d’affaiblir les vaisseaux médiatiques de l’extrême droite. Selon cette perception, ces médias de Bolloré participent non seulement à banaliser la pensée de l’extrême droite mais aussi à élargir son cercle d’influence et par conséquent augmenter sa capacité de séduction et de persuasion.

Par ailleurs, l’extrême droite et ses affiliés sont accusés de jeter l’huile sur le feu des grognes sociales qui se multiplient au fur et à mesure que les échéances électorales s’approchent. La récente illustration est à trouver dans la colère ascendante des agriculteurs français.

Se présentant à tort ou à raison comme la première force politique représentant le monde rural, l’extrême droite, notamment celle incarnée par Marine Le Pen, surfe sur cette crise pour la transformer en carburant électoral. Et à ce rythme là, la stratégie du RN a toutes les raisons de cocher toutes les cases pour réaliser des performances lors des prochaines européennes et de se préparer pour la grande bataille des présidentielles.

C’est sans aucun doute pour tenter de stopper cet élan et provoquer un choc politique auprès des français qu’Emmanuel Macron a eu recours à ce rappel de non appartenance de l’extrême droite à l’arc républicain. Il s’agit en fait de dire aux français que malgré toutes les opérations de maquillage politiques auxquelles cette extrême droite s’est livrée, elle demeure un danger politique et idéologique pour les institutions de la république. Il n’est pas certain que cette charge va décourager le noyau dur des électeurs qui votent Marine Le Pen, mais il est à espérer qu’elle participe à réveiller les autres catégories, notamment à gauche que si elles ne se réveillent pas, L’Elysée tombera certainement dans l’escarcelle de l’extrême droite.

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