Macron entre avec fracas dans la polémique sur l’aide française

Si l’objectif affichée de la dernière vidéo du président français sur le séisme au Maroc était de tenter de mettre fin à toutes les polémiques qui enflamment les médias français sur la supposée non acceptation marocaine de l’aide française, le résultat est tout le contraire.

D’abord le choix contestable de s’adresser directement « aux marocaines et aux marocains », via une vidéo postée sur le réseau social X. Cette démarche, contraire aux règles protocolaires les plus élémentaires, s’apparente à une forme de condescendance, frisant la provocation.

Au-delà de la méthode choisie qui a profondément choqué les marocains, le ton adopté par le président français a provoqué la colère des marocains sur les réseaux sociaux. La posture paternaliste et l’insistance particulière sur cette aide de la France, qui n’attend que le feu vert du Roi Mohammed VI et de son gouvernement, ont fini par exacerber les internautes marocains.

Dans la communication politique, cette démarche n’est ni innocente ni dénuée d’arrières pensées. En répétant à plusieurs reprises, par la voix d’Emmanuel Macron ou d’autres voix officielles que l’aide française est dans les starting-blocks et qu’elle n’attend que le feu vert marocain, cette stratégie souligne de manière claire et explicite où se situe le niveau de blocage.

Avec cette approche, Emmanuel Macron remet une nouvelle pièce dans la machine à produire les polémiques et les clashs dans la relation France/Maroc. Et pourtant, le président français a un intérêt particulier à ce que les médias français arrêtent de s’interroger à haute voix sur les vraies raisons de la brouille entre Paris et Rabat. Car à l’occasion de ce séisme et de débats qu’il a engendré, l’opinion française, celle du français ordinaire, vient de découvrir qu’il y a une grande crise de confiance entre les deux pays. Une crise longtemps tue, minorée par la diplomatie française et qui éclate aujourd’hui au grand jour.

Et l’opinion française découvre brusquement que les divergences entre les deux pays sont profondes et stratégiques, et qu’elles tournent notamment sur un blocage bien précis, celui du Sahara marocain. Le nombre de commentateurs français mainstream qui ont expliqué avec une grande pédagogie que si la relation entre le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron est aussi froide, c’est parce que le président français, tétanisé par la riposte d’Alger, refuse de suivre l’exemple des américains, espagnols, allemands, israéliens qui ont reconnu la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

Pour Emmanuel Macron, c’est un des grands dommages politiques collatéraux de cette crise autour du séisme et de l’aide française. Une lumière crue a été jetée sur le positionnement français sur une question vitale pour les intérêts marocains, son unité territoriale. Aujourd’hui, dans toutes les approches à l’égard du Maroc, la diplomatie française ne peut plus continuer à ignorer cette exigence marocaine et se complaire dans la zone grise et de confort qui lui permet le non-choix et la non décision.

Aujourd’hui, l’heure de vérité est arrivée. Sauf à penser qu’Emmanuel Macron est profondément convaincu de la nécessité de la naissance d’un sixième état au Maghreb comme dans les fantasmes du régime algérien, la diplomatie française est aujourd’hui plus que jamais sous la pression de clarifier sa position, acculée de faire le choix et de quitter le gris-clair de sa vision.

Depuis le début de ce drame, les médias français ont intensivement accompagné l’onde de choc provoquée par le séisme au Maroc, mais en se perdant dans des polémiques offensantes et des attaques violentes contre le Maroc qui n’aurait pas accepté l’aide de la France. Cette situation souligne à la fois la proximité et les relations fortement imbriquées entre les deux pays mais il met en lumière aussi le profond fossé qui les sépare autour de questions cruciales.

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