Loi santé : entre 19.000 et 40.000 manifestants à Paris

Médecins, dentistes, infirmiers libéraux: ils étaient des milliers à battre le pavé dimanche à Paris, pour protester contre le projet de loi santé de Marisol Touraine. En parallèle, une délégation était reçue par la ministre.

La manifestation de médecins et autres professionnels de santé contre le projet de loi de la ministre Marisol Touraine, dont certains demandent le départ du gouvernement, a rassemblé dimanche à Paris 19.000 personnes, selon la police, plus de 40.000 selon les organisateurs.

Tiers payant généralisé, "suradministration de la santé", "démantèlement des métiers médicaux", liberté d’exercice "menacée", "hospitalocentrisme", les libéraux répètent depuis des mois leurs griefs, allant jusqu’à fermer leurs cabinets en fin d’année et parfois refuser la carte vitale.

"Tous unis pour la santé de demain": c’est derrière ce slogan que les blouses blanches défilaient. Si une partie des manifestants réclament le retrait du texte, voire la démission de la ministre, d’autres plaident pour une réécriture du projet de loi. Tous dénoncent un manque de concertation. Autant de griefs, autant de slogans. "Tiers payant généralisé – médecins enchaînés, patients trompés", "les Marisoldes de la santé", "loi Touraine nuit gravement à la santé", pouvait-on notamment lire dans le cortège, où se côtoyaient tee-shirts blancs, vendus dix euros pour l’occasion, blouses blanches et manifestants en tenue de bagnard.

Les attaques contre la ministre fusaient aussi, comme ces pancartes où l’on pouvait lire "Touraine démago dégage vite ou fracas dans les urnes le 22 mars", lors des élections départementales, ou bien encore "rendez-nous Roselyne", en allusion à l’ancienne ministre Roselyne Bachelot. Au micro, des slogans "Touraine démission" étaient scandés.

Ce défilé, que les syndicats ont annoncé comme le plus important "depuis 2002", alors pour la revalorisation de la consultation à 20 euros, est l’occasion pour le monde médical d’afficher sa force à l’approche du débat parlementaire. Mardi, le projet commence son parcours en commission à l’Assemblée nationale. Les différentes organisations se comptent aussi, à quelques mois des élections professionnelles prévues en fin d’année.

Le tiers payant, "usine à gaz" administrative

Promesse de campagne de François Hollande, la mesure, plébiscitée par les patients, est aussi la plus critiquée par les libéraux. Les médecins redoutent une "usine à gaz" administrative et des difficultés à être remboursés rapidement par l’assurance maladie et les complémentaires santé. Le président de MG France (généralistes), Claude Leicher, a récusé dimanche toute "opposition de principe" au tiers payant généralisé, en évoquant "une crainte très forte de se faire contraindre à du travail administratif alors que le métier des médecins est de soigner les patients". Pour Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF (principal syndicat des médecins libéraux), "les Français ont l’impression que le tiers payant va leur faciliter la vie" mais en réalité "cela va coûter de l’argent à l’ensemble du système".

Mais les contestataires dénoncent aussi un projet de loi décevant au regard de la stratégie nationale de santé, dévoilée en 2013.

Du côté des patients, si une large majorité de Français (88%) ont une "bonne opinion" des médecins, deux sur trois les jugent "conservateurs" et "fermés aux réformes", selon un sondage Odoxa publié dimanche dans Le Parisien.

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