Libye: le dialogue « décisif » entre Parlements rivaux reprendra jeudi prochain au Maroc

Le dialogue entre Parlements rivaux libyens, qui vise à arracher un accord sur un gouvernement d’unité nationale, reprendra jeudi prochain au Maroc, a indiqué vendredi le médiateur de l’ONU, estimant qu’il s’agirait d’une « phase décisive » pour sortir le pays du chaos.

Après une premier round la semaine passée à Skhirat, station balnéaire proche de la capitale marocaine Rabat, ce dialogue devait initialement reprendre ce mercredi, mais la délégation du Parlement internationalement reconnu de Tobrouk (est de la Libye) demandait depuis deux jours son report.

Après 48 heures d’incertitudes, l’ONU a accédé à cette demande, évoquant la nécessité de laisser "plus de temps" aux délégations.

"La mission onusienne a décidé de donner quelques jours pour préparer cette phase décisive des négociations. On a convoqué les parties au Maroc pour jeudi et on leur a demandé de bien préparer leurs mandats", a dit M. Leon devant la presse.

"Nous voulons que les parties soient prêtes pour aborder toutes les questions. (…) Il y a une nouvelle équipe qui va compléter (la délégation de Tobrouk). Elles seront ici jeudi prochain (…) pour aborder cette phase critique de la négociation", a-t-il ajouté.

L’émissaire de l’ONU a prévenu que ce dialogue constituait "l’unique solution pour la Libye". "Il n’y pas de solution militaire", tandis que "la situation s’aggrave" sur le terrain, a-t-il clamé.

Prenant à son tour la parole, un représentant du Congrès général national (CGN), Mohammed Saleh al Makhzoum, a dit "comprendre cette décision de l’ONU dans la mesure où c’est elle qui chapeaute les négociations".

"Mais nous attendons toujours d’être informés directement des motifs de l’absence de représentants de l’autre partie", a ajouté ce membre de la délégation du CGN, le Parlement sortant que le gouvernement installé par la coalition de milices "Fajr Libya" a réhabilité à Tripoli.

"Eclaircissements"

Auparavant, le CGN avait indiqué dans un communiqué avoir demandé des "éclaircissements par écrit" sur la nomination du général Khalifa Haftar à la tête de l’armée libyenne.

"Nous avons demandé à la mission onusienne de clarifier sa position sur la nomination par les personnes rassemblées à Tobrouk du criminel de guerre Khalifa Haftar à la tête de leur armée", a relevé un membre de la délégation, Omar Hamiddane.

"Non à Haftar, non à Haftar, non à Haftar", a renchéri par la suite Mohammed Saleh al Makhzoum.

Le général controversé Khalifa Haftar a été officiellement nommé lundi, avant de prêter serment devant le Parlement reconnu par la communauté internationale.

Officier à la retraite, M. Haftar avait lancé en mai 2014 une opération baptisée "Dignité" contre les groupes armés islamistes contrôlant Benghazi.

La reprise des négociations au Maroc a principalement pour but d’arracher un accord sur un gouvernement d’unité nationale. Inquiète de la situation dans le pays, des responsables européens ont affirmé vendredi que l’UE pourrait envoyer une mission civile ou militaire en Libye "en cas de percée" dans ces négociations. "Nous devons être prêts à les soutenir", a dit un de ces responsables.

Les délégations avaient déjà eu la semaine passée des discussions indirectes puis directes –une première– à Skhirat, l’ONU évoquant des "progrès importants".

Livrée aux milices depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte, la Libye est le théâtre de combats entre les différentes factions, mais aussi entre milices et forces pro-gouvernementales.

Depuis des semaines, elle est en outre le théâtre d’attaques revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak.

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