Le verdict à l’encontre de Graciet et Laurent est « une condamnation de gens qui font si peu un travail de journaliste qu’ils finissent par faire du chantage » (Me Boussier)  

Les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet ont été condamnés, ce mardi par le tribunal correctionnel de Paris, pour chantage à l’encontre du Royaume du Maroc à un an de prison avec sursis, 10.000 d’amende et 5.000 euros au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale.

Le tribunal a en outre jugé recevable en la forme la constitution de partie civile du Royaume du Maroc et condamné les deux journalistes à 1 euro en réparation des différents préjudices présentés par la partie civile.

« Il y a des gens qui se prétendent journalistes et qui ont finalement une conception très particulière du métier de journaliste. Cette condamnation montre qu’ils existent. Aujourd’hui, on a une condamnation contre ces gens qui font si peu un travail de journaliste qu’ils finissent par faire du chantage », a déclaré à Atlasinfo Me Boussier.

Eric Laurent et Catherine Graciet ont été arrêtés en flagrant délit le 27 août 2015 à la sortie d’un palace parisien, en possession de deux enveloppes contenant chacune 40.000 euros en liquide. Devant l’avocat du Royaume, Hichan Naciri, ils ont signé un « contrat manuscrit » dans lequel ils s’engageaient à ne plus enquêter sur le Maroc en échange de cet acompte et du versement d’une somme globale de 2 millions d’euros.

Les deux journalistes avaient exigé 3 millions en échange de la non publication d’un livre qu’ils prétendaient « dévastateur » pour le Maroc.

Pour l’avocat du Maroc, « il y a un jugement de qualité qui a été rendu car lorsqu’on lit le jugement, la motivation est très précise et met en exergue toutes les manœuvres et les arguments utilisés par les deux journalistes pour essayer de soutirer 3 millions d’euros au Royaume du Maroc ».

« Les dénégations des deux journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet n’ont jamais prospéré auprès d’aucun magistrat que ce soit », s’est encore félicité Me Ralph Boussier.

« Huit ans après les faits et en dépit des chausse-trapes qu’ils ont essayé de tendre tout au long de cette longue procédure, notamment à l’audience en soulevant une exception de procédure, il y une décision juste qui a été rendue aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Lire aussi: Affaire des journalistes Graciet/Laurent: « délit de chantage caractérisé » sur le Royaume du Maroc

Dans son document de jugement de 36 pages, le tribunal correctionnel de Paris affirment que les deux journalistes ont eu une « démarche commune » dans la mise en place d’un chantage caractérisé et qu’ils ont exercé une « pression » sur l’avocat Naciri pour qu’il accepte leur deal de 3 millions d’euros en échange de la non-publication d’un livre qui serait « dévastateur » pour le Royaume.

Selon le jugement, « le prix du silence, c’est-à-dire correspondant à la non-parution du livre, non seulement vient des deux journalistes, mais le montant fixé aussi » et le montage financier, que les enregistrements, validés par la Cour de cassation en novembre 2017, avaient incontestablement attesté.

« Cette condamnation fera probablement réfléchir certains journalistes qui font des livres ou des articles sur commande. Maintenant ils vont peut-être y réfléchir à deux fois avant de franchir la ligne », a estimé Me Boussier. 

 Les avocats des deux journalistes ont fait appel du jugement rendu ce mardi 14 mars 2023.

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