L’Algérie sans le Polisario ?

Que serait l’Algérie sans le Polisario ? Même si cette interrogation paraît fantaisiste pour beaucoup, elle ne manque pas de pertinence pour tous ceux, parmi les algériens, qui commencent à évaluer la facture politique et économique de l’engagement du régime algérien auprès des séparatistes du Polisario. 

Il est vrai que l’affaire du Polisario est devenue intrinsèque au devenir du régime algérien depuis le début de cette discorde régionale. Il abrite les milices armées, les nourrit et les finance et met son appareil diplomatique au service de leurs promotions internationales. Ce même régime a adopté depuis une attitude autiste. Il est le cœur du problème mais refuse officiellement de l’admettre.

Face à cette situation qui produit blocages et tensions, la question de savoir ce que deviendrait l’Algérie si elle se débarrasse du fardeau du Polisario renseigne sur les immenses frustrations que subissent les Algériens pour que le régime continue de défendre une cause perdue.

Un des premiers éléments de réponse est que sans cette crise du Polisario, la relation avec le Maroc redeviendrait normale. Une reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, une ouverture de leurs frontières terrestres. Et les deux grands pays du Maghreb peuvent mettre en musique la complémentarité de leurs économies. Les précieux produits énergétiques algériens feront merveille avec la performante industrielle et agro-alimentaire marocaine. Sans évoquer l’inévitable relance de la dynamique d’un marché maghrébin de près de 90 millions d’habitants.

L’Algérie sans le Polisario ne sera plus ce pays aux relations tendues avec une grande partie de son environnement arabe, africain et méditerranéen. À la grande tension qui frise la rupture et la confrontation feront place des liens de confiance et d’amitiés qui feront que ce pays ne soit plus isolé comme s’il était envahi par la peste. La normalisation de ses rapports avec ses alliés redonnera à n’en pas douter une nouvelle dynamique à l’économie moribonde algérienne.

La rareté des produits de première nécessité pour lesquels les Algériens se réveillent à cinq heures du matin pour faire la queue, comme l’avait officiellement reconnu le president Abdelmajid Tebboune, ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

L’Algérie sans le Polisario serait un pays apaisé. Et quelque que soit le régime qui va la diriger il aura comme priorité absolue les intérêts du citoyen algérien, son bien-être immédiat. Alors qu’aujourd’hui les richesses du pays subissent une hémorragie au profit d’une cause sans aucune chance de succès. De l’eau versé dans les sables du désert. Le budget algérien engrangé par ses richesses énergétiques est mobilisé pour les préparatifs d’une guerre avec le voisin marocain pour la survie des milices séparatistes du Polisario.

Sans le Polisario, l’Algérie ne sera plus ce pays à la fixation obsessionnelle sur le voisin marocain, prêt à brûler tous ses vaisseaux juste pour porter atteinte aux intérêts du Maroc.

Et pour cause ! Quand Alger cessera de s’occuper du destin du Maroc et d’en faire un point névralgique de toutes ses postures et ses démarches, le régime se concentrera essentiellement sur le devenir de ses citoyens, la construction d’une économie forte, d’une démocratie solide et apaisée. Aujourd’hui, pour cause de Polisario, il électrise ses rapports avec tous ses alliés au point que le Polisario apparaît comme la colonne vertébrale de ses choix politiques.

Alors qu’il y a un constat de plus en plus populaire  en Algérie que l’isolement du pays est le fruit direct cette obsession du régime comme vient de le démontrer de manière spectaculaire les récents événements sportifs africains, la tentation est grande de voir naître des mouvements au sein de la société politique et civile algérienne qui demanderont sinon des comptes du moins une forme d’évaluation de ce pari sur cette entité qui aura coûté selon des chiffres diffusés des milliards de dollars aux Algériens.

L’Algérie se doit être un pays , débarrassé de ses complexes et de ses haines envers ses voisins , capable de mettre en valeur ses atouts. Il suffit pour les Algériens d’imaginer un instant leur avenir sans le Polisario pour voir à quel point « cette cause » leur coûte et qu’il est grand temps de pratiquer une césarienne pour la déloger.

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