Lors de son déplacement au Proche-Orient, Emmanuel Macron n’avait pas fait dans la nuance : « La France est prête à ce que la coalition internationale contre Daech, dans le cadre de laquelle nous sommes engagés pour notre opération en Irak et en Syrie, puisse lutter aussi contre le Hamas ».
Ce fut la grande idée maîtresse du voyage du président Emmanuel Macron en Israël et dans les territoires palestiniens, la punchline politique qui l’a distingué des autres chefs d’Etat qui ont visité cette région après le 7 octobre. La proposition de constituer une collation internationale pour lutter contre le Hamas palestinien, sur le modèle de la coalition qui s’est formée pour défaire des organisations terroristes comme Daech et Al Qaida.
Dès l’annonce de cette proposition en présence du premier ministre israélien Benjamin Nethanyahou, la toile, les réseaux sociaux, l’opinion internationale, se sont clivés autour de cette idée. Entre ceux qui affirment que ce positionnement d’Emmanuel Macron est tout à fait cohérent avec le soutien massif que la France apporte à Israël dans sa lutte contre les menaces terroristes, et ceux qui doutent de la faisabilité d’un tel projet sécuritaire dans un contexte politique d’une grande instabilité. En tout cas les défenseurs de ce projet mettent en avant une implication française pour participer au contrôle de la riposte israélienne : « La lutte doit être sans merci, mais pas sans règles, car nous sommes des démocraties qui luttons contre des terroristes, des démocraties donc qui respectent le droit de la guerre et assurent l’accès humanitaire ».
Pour les uns, cette proposition de coalition internationale contre le Hamas est séduisante sur le papier mais difficile à réaliser dans la réalité. À commencer par cette question cruciale qui douche tous les enthousiasmes : Qui pourrait appartenir à cette coalition internationale contre le Hamas ? Certainement et pour des raisons politiques évidentes, il sera difficile, voire impossible d’avoir le même casting qui s’est mobilisé pendant des années pour défaire militairement Daesh dans ses bastions géographiques. Le succès de la coalition contre Daesh est le fruit d’un consensus international très large sur la nécessité de casser ces organisations terroristes, devenues une menace vitale pour la paix et la stabilité dans le monde.
Or aujourd’hui la question se pose de manière lancinante : Qui pourrait appartenir à cette coalition pour participer à la chasse militaire contre le Hamas ? Les pays arabes qui avait donné à la lutte contre Daesh une dimension régionale en s’impliquant à tous les niveaux dans cette guerre, pourront-ils afficher le même engagement dans une structure similaire pour faire la guerre à Hamas ?
La réponse risque fort bien d’être négative. Même si des pays arabes, notamment les pays du Golfe, n’ont aucune sympathie pour le Hamas qu’ils accusent d’être un bras armé de l’Iran, au même titre que le Hezbollah libanais, il est très peu probable que ces pays puissent tenter cette aventure de valider un tel projet et de participer à son agenda politique et militaire. La raison essentielle est à trouver dans la pression des opinions internes qui n’accepteraient en aucune manière que leurs gouvernements participent aux côtés d’Israël dans sa guerre contre le Hamas.
Cette proposition d’Emmanuel de Macron de former une coalition internationale contre Hamas semble être une idée mort-née. Sauf à se contenter de former cette nouvelle alliance d’Israël, de la France, de l’Amérique et de la Grande Bretagne, ce projet aura du mal à voir le jour. Peut-être faudra-t-il le considérer comme un excès d’enthousiasme du président Macron submergé par l’émotion et le soutien à Israël pour faire face à cette menace terroriste.
C’est sans aucun doute pour toutes ces raisons, la difficile faisabilité du projet et les confusions qu’il a provoqué au sein de l’opinion que l’Élysée s’est empressé de minimiser l’importance de cette proposition en affirmant que l’idée principale est de répliquer ce qui avait marché dans la lutte contre Daesh en excluant la possibilité d’une participation militaire française sur le terrain.
Pour de nombreux observateurs, si cette proposition avait du mal à se concrétiser dans le réel, elle aurait le mérite d’avoir un impact politique et symbolique. Donner plus de légitimité internationale à la guerre israélienne contre le Hamas et faire en sorte que cette organisation palestinienne ne fera plus partie d’aucune négociation politique à venir sur le Proche-Orient.