Les signes de cette détente ne se sont pas faits attendre. D’abord il y a eu la visite très remarquée du ministre émirati des Affairées étrangères, le cheikh Abdallah Bin Zayed, à la capitale iranienne. Cet emblématique responsable des Emirats a évoqué l’idée d’instaurer un partenariat entre l’Iran et les pays du golfe. On est loin des échanges tendus et des menaces réciproques. La dispute territoriale entre les deux pays sur les trois célèbres îlots frontaliers n’a pas été discutée mais tout indique que la résolution de ce conflit de souveraineté est sur la bonne voie.
Le second indice est la visite du ministre iranien des Affaires étrangères Mohamed Jawad Darif au Koweït et à Oman. Le Koweït avait abrité une réunion du Conseil de coopération du golfe qui avait béni l’accord sur le nucléaire iranien. Jawad Darif a profité de cette escale pour rassurer les pays de la région sur les bonnes dispositions de l’Iran à l’égard de ses voisins arabes.
À cette occasion les relations entre le sultanat d’Oman et l’Iran ont être mis en exergue. Le sultanat avait servi de lieu de rendez-vous secrets entre Américains et Iraniens lors de leurs longues négociations avant d’aboutir au compromis de Genève.
Il est vrai que les pays du Golfe avaient besoin d’un Iran non seulement dénucléarisé mais aussi débarrassé de ses réflexes agressifs à l’égard de ses voisins. Ils avaient souvent accusé les Iraniens de mener des entreprises subversives en excitant les minorités chiites dans ces pays. Sans compter ce fantasme popularisé par les Mollahs d’un Iran incarnant le gendarme de la région qui prélève sa dîme sur sa croissance.
Entre l’Iran et l’Arabie saoudite, une vieille concurrence politique et religieuse. Entre deux puissances qui tentent de s’arroger le leadership du monde musulman. Leur compétition se traduit régulièrement dans des crises régionales où elles s’affrontent par sunnites et chiites interposés. La sanglante crise irakienne porte cette emprunte. Le théâtre politique libanais est marqué à jamais par les stigmates d’une telle confrontation. La tragédie syrienne est en permanence nourrie par cet affrontement. Autant de points de tensions dont le moteur principal est cette légendaire et impitoyable guerre entre sunnites et shiites.
Et quand le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamed Jawad Darif, déclare : "Je suis prêt à me rendre en visite en Arabie saoudite" et de préciser que "les relations irano-saoudiennes "devraient être élargies car nous considérons l’Arabie saoudite comme un pays très important dans la région et dans le monde islamique", on mesure le chemin parcouru par le pouvoir iranien dans la décision de revoir l’ensemble de sa politique à l’égard de son voisinage arabe.
Il paraît clair aujourd’hui que le niveau de normalisation des relations entre l’Iran et son voisinage arabe servira de test grandeur nature pour vérifier les dispositions de l’Iran à respecter ses engagements internationaux sur le nucléaire. D’où l’impression d’une grande campagne de charme et de séduction à laquelle se livre actuellement la diplomatie iranienne. Avec un seul mot d’ordre ….Rassurer pour réinstaller la confiance.
Aujourd’hui aussi se pose la question de savoir comment une telle détente va pouvoir influencer le cours des crises régionales. Le premier grand examen de cette nouvelle donne iranienne sera la rencontre internationale sur la Syrie qui se tiendra le 22 janvier à Genève. Il est attendu que chaque partie, l’Iran qui soutient le régime de Bachar al Assad et les pays du Golfe qui soutiennent l’opposition dans sa diversité, mettent de la souplesse dans leur approche et participent à faciliter une solution de transition qui met fin à la crise syrienne.