L’Europe prête à soutenir la Grèce

Les Européens se sont engagés jeudi 11 février à voler au secours de la Grèce en cas de besoin, en échange d’efforts supplémentaires pour assainir leurs finances publiques. Aucune intervention immédiate n’a été décidée, et la Grèce n’a pas demandé d’aide. « Les Etats-membres de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées, si nécessaire, pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble. Le gouvernement grec n’a demandé aucun soutien financier », a expliqué Herman Van Rompuy, président stable du conseil européen à 13 h 15 à Bruxelles.

Le président stable du Conseil européen, dont c’était le baptême du feu, venait de présenter aux Vingt-Sept l’accord scellé un peu plus tôt. Le compromis a été trouvé au cours d’une réunion de deux heures avec le premier ministre grec George Papandréou, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel. Les quatre dirigeants ont été rejoints en cours de réunion par le président de la banque centrale européenne Jean-Claude Trichet et celui de la Commission Jose Manuel Barroso.

Pour convaincre Angela Merkel d’accepter ce soutien inédit à la Grèce, qui suscite un tollé outre-Rhin, il a fallu exiger de M. Papandréou des efforts supplémentaires. Selon une source diplomatique européenne, le premier ministre socialiste réfléchit à une hausse de la TVA.
L’idée est de mettre ce pays sous quasi tutelle et de faire en sorte que les recommandations européennes ne restent pas lettre morte, comme ce fut le cas par le passé. Dès mardi 16 février, les ministres des finances européens adopteront, sur proposition de la Commission, une recommandation à la Grèce rédigée le 3 février mais renforcée par les nouveaux engagements grecs.

"La commission surveillera étroitement la mise en œuvre de ces recommandations en liaison avec la BCE et proposera les mesures additionnelles nécessaires en s’appuyant sur l’expertise technique du fonds monétaire international. Une première évaluation serait faite en mars", a précisé M. Van Rompuy.

"SI LES GRECS FONT UNE LEVÉE D’OBLIGATIONS ET QUE CELA NE MARCHE PAS, ON LES ACHÈTERA"

Le FMI ne financera donc pas la Grèce, les Européens jugeant humiliant d’être sous la tutelle des experts de Washington et M. Trichet souhaitant garder l’intégralité de ses prérogatives monétaires. Mais les Européens espèrent profiter du savoir faire coercitif du FMI vis-à-vis des gouvernements. L’objectif officiel est de réduire de faire passer les déficits grecs sous la barre des 3 % en 2012.

Les Européens espèrent que la déclaration de soutien à ce pays entré dans la zone euro en 2001 sur la base de comptes faux suffira à apaiser la tempête financière et un rendra inutile un passage à l’acte. Les traités européens interdisent un renflouement de la zone euro par la BCE.
Le moment critique interviendra en mars avril, lorsque la Grèce aura besoin de se refinancer sur les marchés financiers. Ce délai laisse du temps aux européens pour se préparer techniquement. Les discussions techniques se poursuivaient jeudi à Bruxelles. "Si nous disons les choses assez fortement, nous n’aurons rien à faire", indiquait-on en haut lieu à l’Elysée, avant la réunion en précisant : "Si les Grecs font une levée d’obligations et que cela ne marche pas, on les achètera".

C’est devant la bibliothèque Solvay, où se réunissaient les chefs d’Etat et de gouvernement, que M. Van Rompuy a lu sa courte déclaration. Il l’a prononcée en anglais puis en français, aux côtés de M. Barroso qui n’a pas dit un mot. Et a dû s’y prendre à deux reprises, s’étant tenu trop loin des microphones pour être audible.

Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard

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