Islam de France: Moussaoui évoque une probable dissolution du CFCM

Face aux difficultés et aux blocages auxquels est soumis le Conseil Français du Culte Musulman, son président estime que cette instance « n’est plus viable » et appelle à « de nouvelles formes d’organisation qui soient en concordance avec la société française d’aujourd’hui et de demain ».

Dans une tribune publiée vendredi par le journal L’Opinion, le président du CFCM indique qu' »il y a possibilité de faire émerger d’une façon coordonnée avec les pouvoirs publics une nouvelle organisation du culte musulman, légitimée par les acteurs du terrain ».

« Celle-ci doit être le fruit d’une concertation associant le FORIF (Ndlr, Forum pour l’islam de France, initié par le gouvernement) et les structures départementales du culte musulman mises en place ou en cours de l’être », poursuit M. Moussaoui, dont le mandat s’achève le 19 janvier prochain.

« Cette nouvelle organisation pourrait être suivie d’une autodissolution du CFCM dans le respect de ses statuts », ajoute-t-il, appelant « toutes les composantes du CFCM à s’inscrire dans cette démarche » et à « acter cette orientation à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire qui pourrait intervenir prochainement ».

Selon le président du CFCM, « l’islam de France est à ce carrefour. Tourner la page du format actuel des instances représentatives du culte musulman et inventer de nouvelles formes d’organisation qui soient en concordance avec la société française (…) est une première réponse aux nombreux défis que doit relever l’islam de France ».

Pour M. Moussaoui, « la réforme du CFCM a été incontestablement le chantier marquant de ces deux dernières années », notant que le projet de réforme sur lequel il s’était engagé avait pour ambition de faire émerger une réorganisation du culte musulman, en s’appuyant sur des structures départementales.

« La réforme devait mettre en place des instances en charge de la gestion de mosquées, la formation et le statut des cadres religieux (imams, morchidates et aumôniers), le financement du culte musulman et la lutte contre la radicalisation et les actes antimusulmans », indique-t-il dans cette tribune, rappelant que des propositions pour cette réorganisation ont été formulées dans deux documents publiés par l’Union de mosquées de France (UMF) en avril 2018 et en août 2019.

« La proposition consistant à libérer les instances représentatives du culte musulman des logiques d’affiliation à des fédérations liées aux pays d’origine a engendré les premières difficultés. Autre fait constaté, les fédérations composant le CFCM ne rassemblent pas la totalité des mosquées de France », relève-t-il.

Au sommet de ces difficultés, le mode désignation. Des fédérations, menées par la mosquée de Paris, disposant du droit exclusif de désigner arbitrairement la moitié de l’assemblée générale du CFCM, ont voulu garder ce privilège contre l’avis majoritaire des musulmans de France, allant jusqu’à manifester leur volonté de supprimer la moitié élue.

Ces fédérations ont voulu même s’octroyer le le droit de désigner tous les membres du CFCM au niveau national et régional, alors qu’elles  .représentent moins du tiers des mosquées de France.

Autre couac, « la charte des principes pour l’islam de France » a été élaboré et validé par l’ensemble des huit fédérations le 17 janvier 2021. Sa signature par les fédérations du CFCM s’est déroulée en deux temps. Le 18 janvier 2021 par les cinq premières fédérations, puis le 25 décembre 2021 pour les trois autres.

« Ce document, souligne M. Moussaoui, est un grand acquis pour l’islam de France. Il a permis au culte musulman de réaffirmer solennellement la compatibilité des principes de la tradition musulmane avec les grands principes républicains, de rejeter toute ingérence étrangère dans l’islam de France et toute instrumentalisation de celui-ci à des fins politiques ».

Mais, poursuit-il, le refus initial des trois fédérations (CCMTF, CIMG et FP) de signer cette charte, le 18 janvier 2021, a provoqué une première crise au sein du CFCM, donnant le prétexte à quatre fédérations (FFAIACA, GMP, MF et RMF) de démissionner de son bureau.

« Constatant cette situation de division et la difficulté de réformer le CFCM de l’intérieur, les pouvoirs publics ont lancé le Forum de l’islam de France (Forif) avec l’objectif de faire émerger une nouvelle forme de représentation du culte musulman », fait-il constater.

Face à ces blocages, le gouvernement a alors lancé un « Forum de l’islam de France » (FORIF) qui doit se réunir dans les prochaines semaines et aboutir à une forme de représentation de l’islam basée sur les acteurs départementaux et non plus à partir de la tutelle des fédérations de mosquées qui composent le CFCM.

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