Contradictions et double langage du recteur de la mosquée de Paris
Cette guerre israélienne contre la Bande de Gaza aura provoqué de nombreux dommages collatéraux. Parmi lesquels, des postures doubles et troubles ont été révélées. La première est incarnée par le recteur de la mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz qui depuis le début de cette crise passe son temps à chercher le « bon positionnement » pour plaire à différents camps. Et à force de tâtonner le recteur Hafiz a perdu la boussole et s’est enfoncé dans un terreau de confusions, de contradictions et de dérapages, au risque de mettre dans l’embarras ses parrains au sein du gouvernement français.
C’est sans aucun doute à l’aune de cette gêne qu’il faut comprendre le très grand intérêt médiatique dont le recteur bénéficie ces derniers jours dans la presse françaises. Cet intérêt peut s’expliquer par deux niveaux d’analyse. Le premier est que les médias, qui jadis lui étaient étrangement favorables, sont étonnés de le voir adopter des positions critiquables au gré de ses interventions et de ses interlocuteurs .
M.Chems-eddine Hafiz a excellé dans la variété de son expression. Il ne s’est pas contenté de ne pas s’exprimer avec constance mais il a développé un discours double et des postures opportunistes. La presse a été ravie de le voir tenir un discours mielleux de consensus sur le plateau de BFMTV avec le grand rabbin de France Haïm Korsia, avant de s’interroger sur son boycott bruyant de la grande marche pour la République et contre l’antisémitisme.
Le second niveau d’analyse qui pourrait expliquer cet intérêt médiatique pour Chems-eddine Hafiz, à coups d’interviews et de portraits, est à trouver probablement dans une opération qu’on pourrait intituler : « il faut sauver le soldat Hafiz ». En effet, cette absence de clarté de la part de la mosquée de Paris sur une crise internationale déterminante, associée à un doute exprimé par l’imam de cette mosquée sur la réalité des faits antisémites qui sont actuellement recensés en France, est une très mauvaise affaire pour les autorités françaises qui ont misé sur le recteur de la mosquée de Paris qui lui ont confié le premiers rôle dans la gestion de l’islam de France. Pour qu’ils continuent à lui donner leurs soutiens, il est impératif de s’expliquer et de laver sa réputation du grand doute qui commence sérieusement à l’entacher.
Chems-eddine Hafiz, une personnalité au pedigree sulfureux, posait déjà de nombreuses interrogations. Sa légitimité à incarner cet islam de France, que les autorité du pays voulaient lui conférer contre la volonté des musulmans de France, était déjà objet de questionnements. Pour lui paver le chemin, aussi bien l’Élysée que la place Beauvau ont tenté de démanteler le Conseil français de culte musulman (CFCM), perçu comme un obstacle à cette main mise, pour le remplacer par un objet non identité appelé le Forif dont l’existence et les missions sont encore coincées dans les couloirs du ministère de l’Intérieur et des Cultes.
Cette crise est un test grandeur nature de la viabilité de la pertinence politique de leurs choix. Le casting qu’elles ont jusqu’à aujourd’hui défendu.
Ces autorités françaises ont du mal à cacher leurs agacements face à la confusion du discours de la Mosquée de Paris, à laquelle elles voulaient confier le grand magistère de porter la parole de l’islam de France et la délicate mission d’en organiser la représentation.
Plus surprenant est que ces mêmes autorités savent que leur homme à la mosquée de Paris prenait ses directives politiques directement et sans faux semblants d’Alger. M. Hafid qui vend à l’opinion française les enjeux stratégiques d’un islam français ne cache même pas sa proximité idéologique et structurelle avec le régime algérien et le président Abdelmajid Tebboune.