Pendant ce mois béni, les fidèles font du mieux qu’ils peuvent pour donner corps aux vertus magnanimes de l’Islam et s’aiguiller sur la voie de la droiture. Dans ce cheminement spirituel, patient et passionnant, personne n’est laissé en rade, y compris les adeptes d’autres confessions.
Dans un pays où cohabitent mosquées, églises et synagogues, plusieurs personnes, voire communautés, d’autres confessions, côtoient leurs semblables durant les journées de jeûne et autour de la table de l’Iftar.
Pour Laura, une chrétienne d’origine congolaise installée au Maroc, le Ramadan est un mois sacré qui force le respect de tout un chacun, d’autant plus qu’il “nous permet de nous rapprocher de Dieu et de tisser des liens interreligieux solides”.
“Le respect envers les autres est primordial dans un pays musulman comme le Maroc. Personnellement, j’ai été invitée à partager des moments de convivialité avec mes frères et sœurs musulmans, autour du repas de la rupture du jeûne”, a-t-elle confié dans un témoignage à la MAP.
De son côté, Oussama, un Marocain de confession juive, a expliqué que le Royaume a toujours été une terre de coexistence entre les religions. “Au Maroc, pays où les juifs ont toujours vécu en harmonie avec les autres religions, le Ramadan permet de renforcer les valeurs de fraternité et de partage”, a-t-il dit.
Ce mois sacré incarne des moments forts de convivance et de communion interconfessionnelle où musulmans, chrétiens et juifs sont unis dans un élan de partage et de rapprochement, en vue d’aplanir les barrières et de jeter des passerelles d’échange, d’entente et de contact.
Ramadan est aussi l’occasion de se mettre à la place de son semblable, de ressentir ce qu’il ressent et d’apprécier autrement ce qu’il fait, en assurant un rapprochement de cœurs et d’esprits, a souligné dans un entretien à la MAP, Jacky Sebag, rabbin de la synagogue Nev Shalom de Casablanca.
Faisant observer les points communs avec le judaïsme, marqué également par des périodes de jeûne, il a noté que le Ramadan au Maroc est une célébration qui va au-delà de l’interdiction de manger et de boire.
Il s’agit d’une “fête spirituelle”, de questionnements, de recueillement et de prise de bonnes décisions, a-t-il fait savoir, relevant que la réunion des adeptes de différentes religions autour d’un Iftar “est un fait courant chez nous au Maroc”.
La générosité et le don de soi sont des qualités qui caractérisent les fidèles au cours de ce mois béni, donnant par là même toute sa plénitude à “la dimension extraordinaire” de la solidarité et de l’empathie qui règnent dans le Royaume, a-t-il soutenu.
Grâce à “une générosité diffuse” qui se manifeste pleinement pendant le Ramadan à chaque coin de rue, les personnes démunies ne se soucient pas de ce qu’ils vont manger le soir, a relevé M. Sebag.
Même son de cloche du côté du père Daniel Nourissat, curé de Rabat, pour qui cette année est originale, car le Ramadan et le Carême des chrétiens se déroulent en même temps.
Il a précisé que le Ramadan constitue le summum de l’année et un temps plus intense de prières, de rencontres, de fraternité, de générosité et de rapprochement de Dieu.
“Je suis toujours touché quand je suis invité à un Iftar, où je sens que c’est un moment important de fraternité, d’ouverture et de dialogue interreligieux”, a-t-il confié.
Le père Daniel se souvient avec émotion de sa participation sur l’esplanade de la Grande mosquée Hassan II de Casablanca à la nuit du destin. « J’étais impressionné et profondément touché par toute cette foule rassemblée dans un silence intense pour prier, écouter le Saint Coran et se laisser toucher par la parole de Dieu”, raconte-t-il.
Et de conclure: « le Ramadan permet de grandir dans sa vie de musulman et de franchir une marche supplémentaire pour l’élévation ».