L’heure de vérité approche pour les choix stratégiques et diplomatiques du régime politico-militaire algérien. Est-il en train de devenir un bastion de la puissance russe et une rampe de lancement de l’influence iranienne ?
Jusqu’au jour d’aujourd’hui, Alger est dans la dénégation et la dissimulation. Non, le régime algérien n’a pas organisé des manœuvres militaires avec les Russes à la frontière marocaine. Non il ne participe pas à financer la machine de guerre de Vladimir Poutine à travers de gigantesques contrats
d’armements. Non il ne fournit pas de drones iraniens aux milices séparatistes du Polisario et facilite l’implantation iranienne en Afrique du Nord.
Autant d’accusations pourtant vérifiées et documentées lancées à la face du régime algérien par les Américains et les Européens. A un tel point que la question de savoir pour quel agenda de guerre et de déstabilisation Alger roule en ce moment devient pressante.
Washington a pris conscience de cette posture de défiance du régime algérien. A travers plusieurs signaux, l’administration de Joe Biden a tenté de le raisonner et de le pousser à revoir ses calculs et ses choix. Cette intimité militaire structurelle avec le pouvoir russe qui date de l’Union soviétique, cette alliance politique avec le régime iranien suffisent largement aux yeux des Américaines pour susciter des interrogations sur les vrais objectifs poursuivis par les autorités algériennes.
Cette prise de conscience est telle que la Maison Blanche et le congrès américain envisagent d’imposer des sanctions contre le régime algérien pour le punir de ses liaisons dangereuses avec Moscou et Téhéran.
Mais ce qui apparaît comme une évidence politique pour les Américains qui appelle réactions et sanctions ne l’est forcément pas pour Paris. En tentant de magnifier sa relation avec le régime algérien, la France fait mine d’oublier que c’est à cause de l’incontestable soutien de l’armée algérienne aux groupes Wagner au Sahel que les Russes ont pu prendre la main dans cette région et créer les conditions de mettre fin à la présence militaire française dans la région. Les exemples maliens et Burkinabé sont parlants dans cette stratégie commune aux Algériens et aux Russes.
Paris parait non seulement insensible à cette aventure commune entre Alger et Moscou, la diplomatie française ne semble pas s’offusquer outre mesure de l’alliance poussée entre l’Algérie et l’Iran qui menacer de déstabiliser l’ensemble de l’Afrique du Nord. Paris ne peut assumer le discours internationalement admis qu’il faut mettre fin aux activités agressives de l’Iran dans la région du Golfe et du Proche-Orient et fermer les yeux sur les facilités offertes par le régime algérien à son homologue iranien pour interférer et s’ingérer dans les affaires de la région.
Avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui s’annonce longue et coûteuse, chaque partie, russe, américaine et européenne, va tenter de mobiliser ses alliés et de compter ses forces. Le régime algérien va devoir choisir : ou rejoindre le camp occidental en cessant immédiatement de financer la machine de guerre de Vladimir Poutine et de lui procurer des facilités d’expansion régionale ou continuer à être un des soutiens Moscou qu’il faut neutraliser pour Bruxelles comme pour Washington.
Dans ce bras de fer stratégique, l’entrée en lice de l’élément iranien, perturbateur et pyromane par essence, complique davantage le positionnement d’Alger. Il s’agit d’une alliance et d’un compagnonnage politique avec un pays considéré par la communauté internationale comme une menace permanente sur la paix et la stabilité dans le monde. Le meilleur exemple et la plus récente preuve étant l’arrivé dans la région du Maghreb de drones iraniens susceptible d’embraser toute la région et d’ouvrir par conséquent un autre foyer de tension dans lequel le régime iranien aura son mot à dire.
Même si Alger pourrait être tenté par exploiter cette séquence de tension internationale pour arracher des concessions aux uns et aux autres, les enjeux sont tels qu’il est devenu impossible de jouer sur les deux tableaux sans devoir effectuer un choix final et décisif.
Le régime du duo Tebboune/ Chengriha vit son heure de vérité dans ses choix et ses alliances. Il devra choisir son camp et montrer qu’il ne s’acoquine par avec des forces en rupture de ban de la communauté internationale.