Devant les gares de la capitale économique, les grands magasins ou les espaces qui connaissent une grande affluence des Casablancais, des petits taxis vides sont rangés à la queue leu leu, tandis que leurs chauffeurs commencent à sélectionner les clients en fonction de leurs destinations.
Cette catégorie de taximen tient également, en violation flagrante des décisions de la wilaya réglementant ce secteur, à éviter de transporter deux ou trois passagers à la fois, même s’il s’agit d’une famille, ce qui rend très difficile de trouver un taxi pour les mères avec des enfants.
C’est le cas de Sanae, une quadragénaire qui, avec ses deux enfants, a dû galéré pour trouver un taxi pour l’emmener à sa destination.
« Cela fait près de deux heures que j’attends qu’un taxi accepte de m’emmener à Hay Mohammadi, où je dois voir mon médecin », raconte à la MAP cette dame venue de Mohammedia pour une consultation médicale. « Il est claire que je vais rater mon rendez-vous », regrette-t-elle.
Devant la gare de Casa-port, il semble y avoir un accord semi-préalable entre les chauffeurs sur les destinations. Chacun offre ainsi une destination bien précise, et sélectionne ses clients selon ce choix, dans une scène qui offense la profession, et nuit à la réputation de cette gare moderne, l’une des fiertés de la capitale économique.
Cette catégorie de conducteurs justifie ces comportements par les contraintes des embouteillages dans un certain nombre d’axes et de routes de la capitale économique. Ils avancent, à cet égard, la poursuite des travaux d’extension du réseau de tramway, et les prix élevés du carburant, ainsi que le versement de redevances dites « recettes » au propriétaire de l’agrément de taxis.
A cet égard, un chauffeur de taxi de Casablanca qui a préféré ne pas dévoiler son identité, a déclaré qu’il travaille dans le secteur depuis 22 ans, et qu’il ne souhaite plus se rendre dans les destinations qui connaissent des bouchons « interminables ».
Dans une déclaration à la MAP, il a expliqué que son choix de destinations découle de la pression à laquelle il est confronté pendant sa demi-journée de travail. Il est ainsi tenu d’assurer un budget de 100 dirhams pour le gasoil, et 150 dirhams au propriétaire du taxi, avant de chercher sa marge de bénéfice.
L’année dernière, la Wilaya de la région de Casablanca-Settat a mis en place un nouvel arrêté réglementant le secteur des petits taxis, qui protège les droits des citoyens et impose des mesures rigoureuses et disciplinaires à l’encontre des contrevenants.
En vertu de cet arrêté, le refus de transporter un client à la destination souhaitée est punissable de trois mois de retrait du permis de confiance. Les chauffeurs sont tenus de faire preuve de bonne conduite et d’être présentables afin d’inspirer confiance au client. cet arrêté interdit également aux conducteurs de s’assembler devant les portes des gares.
Le respect des exigences de ce métier passe par la sensibilisation des chauffeurs au respect de leurs devoirs, ainsi que l’implication sérieuse des syndicats du secteur dans le processus d’encadrement et de formation des chauffeurs.