"S’il vous plaît, votez demain", "Ne prenez aucun risque": brandissant la menace d’une victoire du candidat démocrate "d’extrême gauche", le président républicain a exhorté ses milliers de partisans à ne pas faire l’impasse sur le deuxième tour de l’élection sénatoriale mardi.
Un tel déploiement présidentiel a de quoi surprendre dans un Etat aussi conservateur.
Peu de sondages publics ont été publiés. Mais les signaux d’alarme ont visiblement retenti assez fort au QG des républicains pour mobiliser Donald Trump, populaire dans le Mississippi, pour deux meetings à la veille du scrutin.
"Si vous voulez plus d’emplois et moins de criminalité, alors vous devez voter républicain", a-t-il lancé lors du premier rassemblement, à Tupelo.
La sénatrice républicaine sortante, Cindy Hyde-Smith, "est dure" contre l’immigration clandestine, a affirmé M. Trump, alors qu’à plusieurs milliers de kilomètres, quelque 5.000 migrants sont massés à Tijuana, ville frontière mexicaine, dans l’espoir d’obtenir le statut de réfugiés aux Etats-Unis.
Ces migrants centraméricains "n’entreront pas dans notre pays", a martelé le président américain toute la journée.
Le milliardaire républicain avait déjà fait de l’avancée de cette "caravane" de migrants vers la frontière américaine un sujet majeur de la campagne des élections parlementaires du 6 novembre.
Lundi, il a de nouveau exhorté le Congrès à financer la construction du mur à la frontière avec le Mexique. Le déblocage de cette enveloppe sera au coeur d’un bras de fer autour d’une loi de financement partielle qui doit être approuvée d’ici le 7 décembre au Congrès.
Les républicains veulent obtenir le meilleur accord possible sur le mur avant de perdre leur majorité à la Chambre, en janvier.
Malgré le discours triomphaliste de Donald Trump après les élections du 6 novembre, les démocrates ont en effet enregistré une nette victoire à la Chambre, tout en limitant la casse au Sénat.
Les républicains, pourtant favorisés par le calendrier électoral, y verront ainsi début janvier leur majorité renforcée de seulement un ou deux sièges (à 52 ou 53 sur 100), selon l’issue du deuxième tour de la sénatoriale dans le Mississippi.
Un candidat d’extrême droite avait rongé, le 6 novembre, l’avance de Cindy Hyde-Smith (41,5%), face à son opposant démocrate Mike Espy (40,6%), forçant l’organisation d’un deuxième tour.
Le report des voix de ce troisième candidat, Chris McDaniel (16,5%), devrait assurer la victoire à la républicaine. Mais une série de déclarations douteuses dans cet Etat profondément meurtri par la ségrégation ont fragilisé sa position.
Cindy Hyde-Smith, 59 ans, a affirmé à un de ses partisans qu’elle serait "au premier rang" si celui-ci l’invitait à une "pendaison publique". Or c’est dans le Mississippi que le plus de Noirs ont été lynchés, lors de cette page sombre de l’histoire américaine.
La sénatrice a également salué la "superbe idée" d’entraver le vote des étudiants progressistes, alors que plusieurs Etats ont été accusés de restreindre le vote des minorités.
Des plaisanteries mal interprétées, affirment la sénatrice et son entourage, Donald Trump en tête.
"Ce n’est certainement pas ce qu’elle voulait dire", a déclaré le président américain aux journalistes lundi. "Elle s’est vraiment sentie mal".
Mais les révélations gênantes se succèdent dans cet Etat où la population noire (37%) est la plus élevée des Etats-Unis. Comme la nouvelle, ce weekend, que Cindy Hyde-Smith, puis sa fille, ont étudié dans des écoles privées conçues pour éviter aux élèves blancs de partager les salles de classe avec des camarades noirs.
Plusieurs grands noms, dont l’enseigne de supermarchés Walmart ou la ligue américaine de baseball, lui ont retiré leur soutien.
Son opposant, Mike Espy, 64 ans, fut le premier élu noir envoyé par le Mississippi à la Chambre des représentants.
Son score au premier tour était proche du plafond de voix pour les démocrates dans cet Etat républicain. Il a besoin d’un très fort taux de participation des électeurs noirs et des abstentionnistes pour gagner.
Signe d’un climat assombri par le passé raciste du Mississippi, deux noeuds de pendu ont été découverts lundi matin devant le Capitole du Mississippi, à Jackson, ont indiqué les autorités à l’AFP. Une enquête a été ouverte.