La France dévoile sa future politique énergétique, le nucléaire au coeur des débats

La France doit présenter mardi les grands axes de sa politique énergétique pour les dix prochaines années, où l’avenir du nucléaire sera au coeur des débats, une délicate mission pour le gouvernement qui tente de combiner réalisme économique et transition écologique.

A peine élu, Emmanuel Macron avait voulu se poser en champion de la lutte pour l’environnement, n’hésitant pas à moquer le slogan de campagne de Donald Trump, en déclarant "Make our Planet Great Again" ("Rendez sa grandeur à notre planète").

Mais depuis, Nicolas Hulot, son emblématique ministre de la Transition écologique et fervent militant "Vert", a claqué la porte, regrettant de ne pas avoir "été entendu".

Le président français est par ailleurs pris en tenailles entre les partisans d’une transition écologique rapide et les "gilets jaunes", ce mouvement de citoyens excédés par la hausse des taxes sur le carburant qui manifeste depuis plus d’une semaine en France.

Mais si ses annonces, mardi, doivent répondre aux inquiétudes quotidiennes des "gilets jaunes", elles concerneront également la question beaucoup plus large et tout aussi épineuse de la part du nucléaire dans le mix énergétique français d’ici 2028.

En plus de la fermeture déjà actée des deux réacteurs à la centrale de Fessenheim (est) d’ici à 2022, plusieurs scénarios sont sur la table pour atteindre l’objectif gouvernemental de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2035, contre 71,6% en 2017.

Le parc nucléaire français et ses 58 réacteurs est le deuxième plus important au monde, derrière celui des Etats-Unis (99 réacteurs).

Soutenu par François de Rugy, le remplaçant de M. Hulot, le premier scénario prévoit six fermetures supplémentaires de réacteurs d’ici à 2028 et six autres d’ici à 2035.

Un deuxième scénario "intermédiaire" prône également douze fermetures supplémentaires, mais concentrés sur la période 2028-2035.

Le dernier, soutenu par le ministère de l’Economie, prévoit seulement neuf fermetures entre 2028 et 2035 et la construction de quatre réacteurs de nouvelle génération (EPR) à l’horizon 2040.

En parallèle, le gouvernement doit également respecter un autre objectif, celui de porter la part de l’énergie produite par des énergies renouvelables à 40% d’ici 2030.

Difficile exercice d’équilibriste en vue. Car si la fermeture de réacteurs et la promotion des renouvelables fait le bonheur des écologistes, elle a un coût social dans une filière industrielle qui emploie 220.000 salariés selon les chiffres officiels.

Et le coût réel du démantèlement, difficile à évaluer précisément, pourrait atteindre plusieurs centaines de millions d’euros par réacteur selon l’électricien français EDF.

En fin de semaine dernière, le scénario n’était pas encore tranché. "Nous avons encore des discussions pour ajuster les choses", indiquait François de Rugy sur la radio RTL.

Sans donner trop d’indices, ce dernier soutenait néanmoins des fermetures rapides de réacteurs.

"Avec Emmanuel Macron, nous avons été élus pour transformer le pays, pas pour reconduire ce qui s’est toujours fait. Nos centrales nucléaires, elles deviennent de plus en plus âgées, de plus en plus vieillissantes, elles ont de plus en plus de difficultés", a-t-il dit.

La France est le pays qui dépend le plus de l’atome avec plus de 70% du total de l’électricité du pays fournie par les centrales, réparties sur 19 sites.

En attendant les annonces de mardi, une seule mesure semble pour l’heure certaine: la fermeture des quatre dernières centrales à charbon très polluantes du pays d’ici à 2022.

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