Le bombardement d’un hôpital à Gaza a provoqué une indignation mondiale au point d’annuler un sommet diplomatique en Jordanie en présence du président américain Joe Biden, de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du prédisent égyptien Abdelfatah Sissi. Il a aussi provoqué une vague de manifestations nocturnes dans plusieurs pays arabes et fait monter l’angoisse de la déflagration régionale tant crainte.
Autour de ce drame se livre une guerre de communication sans merci dont il est à aisé de décrypter les enjeux politiques. Tandis que les doigts accusateurs désignaient l’armée israélienne comme le coupable de cette opération sanglante, Israël s’est empressé de l’attribuer au Jihad Islamique, une faction concurrente au Hamas. Cette version israélienne reste pour le moment non étayée et sert surtout de contrefeux pour tenter d’éteindre les brasiers de la colère qui montent un peu partout dans le monde contre cette escalade militaire.
Sans accuser directement Israël ni valider son accusation du Jihad Islamique, de nombreux chefs d’Etats européens ont déploré ce ciblage sanglant de civils dont cette attaque de l’hôpital paraît être un tournant décisif. Elle intervient alors que la machine de guerre israélienne exerçait un contrôle sur la bande de Gaza qui augurait d’une grande catastrophe humanitaire. Ces derniers temps, tous les mouvements et autres rencontres diplomatiques ont échoué à convaincre Israël de desserrer son étau sur Gaza et de permettre aux aides humanitaires de parvenir aux civiles palestiniennes.
L’attaque de l’hôpital est incontestablement un tournant dans cette guerre. Son effet est attendu à plusieurs niveaux. Le premier est de jeter l’huile sur le feu de la colère dans des capitales arabes et européens. Déjà mobilisés pour venir en aide, sur le plan politique et symbolique aux palestiniens, cet événement est de nature à donner une ampleur inédite aux manifestations à venir dans la rue arabe et européenne. Ce qui forcément aura un impact politique majeur à gérer pour ces pays en termes de gestions politiques de ce conflit et de ses conséquences sécuritaires.
Le second niveau est diplomatique. Toutes les rencontres à venir, en présence des arabes, des américains et des européens, pour ne citer que les plus directement impliqués, seront davantage inscrites sous le sigle d’une recherche pressante d’un cessez le feu. Sauf à adopter la version et la justification israélienne de cette sanglante attaque, américains et européens sont dans l’obligation de faire appel à un arsenal de pression pour tenter de convaincre Israël de mettre fin aux bombardements et d’envisager une autre politique que des attaques tous azimuts contre la bande de Gaza.
Le troisième niveau d’angoisse est régional. Alors que l’ensemble des acteurs de la région étaient sous une grande pression et que des appels internationaux ont été lancées pour ne pas élargir le diamètre de cette guerre, l’attaque de l’hôpital pourrait facilement faire voler cette relative maîtrise en éclats. Le Hezbollah libanais au nord d’Israël pour intensifier ses activités contre les israéliens, les palestiniens de Ramallah pourraient aussi entrer en action, sans doute rejoints par des contestions venues de la très paisible jusqu’à présent région du Golan syrien occupé. Cette possible multiplication des foyers de tensions et d’affrontements autour d’Israël pourrait favoriser une déflagration régionale.
Ce qui est certain c’est que cette attaque contre cet hôpital à Gaza est de nature à installer une autre atmosphère internationale autour de cette crise. L’hôpital qui dans les doctrines de guerre et les mémoires collectifs a presque autant de sacralité que les lieux de culte a été visé et ensanglanté. La précipitation de l’armée israélienne à nier sa responsabilité sur cette attaque témoigne de l’énorme impact morale qu’une telle action pourrait produire sur les opinions et les dirigeants, sans doute avec la même puissance des horreurs et des massacres commis par le Hamas à l’encontre des civiles Israéliens dans les colonies proche de Gaza.
Alors que les pays arabes, européens ainsi que l’administration américaine craignaient les effets dévastateurs d’une possible opération israélienne terrestre contre la Bande de Gaza, ils sont réduits aujourd’hui à gérer dans l’urgence les impacts politiques et sécuritaires sur leur pays respectifs d’une telle attaque. Une course contre la montre pour empêcher que le Proche orient ne sombre, tel un somnambule, dans le précipice est désormais engagée.