Karim Tabbou, une figure de proue de la contestation en Algérie, a été condamné mercredi à un an de prison dont six mois ferme, a indiqué à l’AFP Saïd (bien Saïd) Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH).
« Il s’agit d’une condamnation, cela s’inscrit dans la logique de durcissement de la justice. Le verdict est lourd », a estimé M. Salhi, en précisant que M. Tabbou serait « libéré le 26 mars » quand il aura fini de purger sa peine.
Placé en détention une première fois le 12 septembre après avoir été inculpé « d’atteinte au moral de l’armée » par un tribunal de Tipaza, à l’ouest d’Alger, il avait été remis en liberté le 25 septembre. A nouveau arrêté dès le lendemain, il avait été inculpé cette fois d' »incitation à la violence » et une nouvelle fois incarcéré.
Mercredi, le tribunal de Sidi M’hamed à Alger n’a pas retenu contre lui l' »incitation à la violence » mais l’a « condamné pour atteinte à l’unité nationale », a déclaré à l’AFP l’un de ses avocats, Me Salah Abderahmane.
Durant son procès — à l’issue duquel le procureur avait requis une peine de quatre ans de prison ferme le 4 mars –, Karim Tabbou avait rejeté toutes les charges.
Chef d’un petit parti d’opposition non enregistré, l’Union démocratique et sociale (UDS), M. Tabbou, 46 ans, est un opposant politique, devenu l’une des personnalités les plus populaires du « Hirak », le mouvement de protestation antirégime qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an. Son portrait est régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires.
Avant de fonder l’UDS, M. Tabbou avait été, de 2007 à 2011, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d’opposition d’Algérie.
Si le « Hirak » n’a pas de structure formelle, Karim Tabbou en est l’un des visages et l’une des voix.
Une autre voix de la contestation, Hadj Ghermoul, l’un des tout premiers à avoir dénoncé la candidature à un 5e mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, a été jugé mercredi en appel par un tribunal de Mascara (nord-ouest de l’Algérie).
Le procureur a réclamé une peine plus lourde contre ce militant condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir diffusé des vidéos « portant atteinte à l’intérêt national », a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.
Le verdict sera rendu le 25 mars prochain.
Plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation, selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent.
Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, le « Hirak » exige le changement de l’ensemble du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.