L’ouvrage « La Béîa, un pacte permanent entre le Roi et le peuple » de Bahija Simou, une précieuse référence pour les chercheurs
L’article s’inscrit dans la perspective de repenser la littérature politique et de redéfinir son référentiel et son conceptuel, à un moment d’autant plus opportun qu’il coïncide avec la commémoration de la fête de l’indépendance, dans un contexte marqué par la dynamique politique que connait le Royaume.
Publié chez Okad, l’ouvrage de 566 pages compilé par Mme Simou, professeur-chercheur spécialisée dans l’histoire contemporaine du Maroc, est revisité avec profondeur par le professeur Seghieri qui en souligne le mérite en tant qu’Œuvre première dans son genre et véritable référence scientifique dans plusieurs domaines.
L’ouvrage, fait observer le Pr. Seghieri, "vient à point nommé pour apporter un éclairage nouveau sur la Béîa à l’heure où le Maroc s’apprête à réviser sa constitution, ses institutions et son mode de gouvernance".
Pour l’auteur, "le livre est une réponse à une question d’une pertinence capitale à savoir ce que représente la Béîa pour le peuple et le souverain marocains. La monarchie tient sa légalité et sa raison d’être de ce contrat juridique que la Béîa concrétise".
L’originalité de cette compilation, poursuit-t-il, provient du fait qu’elle "prend appui sur une matière scientifique puisée dans plusieurs fonds d’archives consultés à la Bibliothèque Hassanienne, à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, aux Archives Royales, à la bibliothèque de Tétouan, à la bibliothèque de l’université Al-Qaraouyine ainsi que dans d’autres fonds privés conservés dans le Mausolée Moulay Idriss et dans des confréries telles que la Zaouiya Cherkaouiya".
L’ouvrage s’articule sur six périodes historiques de la Dynastie Alaouite, depuis la genèse et l’affermissement de l’Etat marocain jusqu’à la fondation de l’Etat moderne, avant d’en arriver à l’ère du Roi Mohammed VI marquée par de grandes réalisations et des réformes profondes pour bâtir un avenir prometteur.
En français, le vocabulaire politique associe sauvent la Béîa – sans nuance aucune – à l’allégeance, concept juridique dont la signification ne peut être circonscrite que dans le contexte politico-historique dans lequel il est né à savoir l’Europe, et plus précisément la France, selon cette lecture du Pr. Seghieri, qui passe en revue les différentes acceptations données à ce vocable.
Il en conclut qu’à travers ces diverses acceptions, il n’y a jamais renvoi à l’idée de bilatéralité des »droit » et »devoir » que l’on a dans la notion de Béîa, nuance capitale tel que cela se dégage de la lecture de cet ouvrage.
Aussi, du point de vue linguistique et précisément conceptuel, le lexème Béîa devrait désormais être repris tel quel dans toutes les langues sans tentative de traduction aucune, recommande l’auteur, pour qui le caractère de la Béîa, en tant que "pacte spirituel et acte juridique, "cimente les liens de reconnaissances bilatérales des droits et des devoirs qui se sont instaurés entre le Roi et son peuple depuis le fondement de la dynastie Alaouite".
Au-delà de la publication de plusieurs lettres de Béîa, ce livre souligne l’intérêt que le Roi Mohammed VI a signifié à travers un geste louable, celui de la démocratisation du document historique et archivistique, devenu ainsi à la portée des citoyens et notamment des chercheurs, se félicite l’auteur qui souligne toute la symbolique de la présentation de l’ouvrage au Roi, à l’occasion de la Fête du Trône par son auteur Bahija Simou.
A travers son travail de recherche, l’auteur a permis d’intégrer le document archivistique dans la vie politique actuelle, offrant ainsi l’occasion au politologue, à l’historien, au sociologue ou à l’anthropologue, de se ressourcer dans le patrimoine culturel et social pourtant riche et bien ancré dans notre civilisation, afin de s’inspirer de ses trésors intarissables pour inventer de nouveaux modèles de gouvernance dans la pure tradition arabo-musulamane, bien loin des modèles importés d’occident ou d’ailleurs.
Bahija Simou est l’auteur de plusieurs ouvrages en langue arabe, notamment "Les relations maroco-italiennes de 1869 à 1912", "Les réformes militaires au Maroc de 1844 à 1912", "L’armée marocaine, traditions et ouverture", "Les frères d’armes, mémoire marocaine d’une histoire partagée" et "La Garde Royale, pérennité de la mission de la représentation". Elle a également publié une série d’articles dans diverses revues au Maroc et à l’étranger.