Après un "oubli" long de 96 ans, il était temps et "nécessaire de combler un vide et peut-être réparer une injustice" à l’égard de ces milliers de morts, ensevelis à l’époque dans des tombes communes, a affirmé M. Bachmann qui nourrit le projet d’un monument spécifique à ériger en hommage à ces combattants marocains.
Le maire, professeur d’histoire, a fait revivre devant l’assistance, le souvenir de ces unités "indigènes" en livrant la chronologie détaillée de la bataille de septembre 1914 dans sa commune et particulièrement les combats extrêmement meurtriers de la journée du 5.
Ce jour-là, les marocains sont lancés dans le premier acte de la bataille de la Marne, sans couverture de l’artillerie et à découvert, pour prendre d’assaut une colline stratégique tenue par les troupes allemandes. A l’issue de combats "héroïques, violents et extrêmement meurtriers", le bilan en pertes humaines fut énorme. Les jours suivants, ils progressent et se lancent à la poursuite des Allemands, donnant un "coup d’arrêt décisif" à leur plan de déferlement sur Paris.
Cette Brigade marocaine décimée (700 rescapés sur l’effectif initial de 4300 hommes) a laissé un "souvenir ineffaçable dans le coeur des chefs et camarades de l’armée française" pour le "courage et la bravoure de ces Marocains qui ont donc contribué à la victoire finale", a relevé le maire.
Il a, par ailleurs, rappelé que ces troupes marocaines, qui livraient sur ces lieux leurs premiers combats sur le territoire français, seront saluées par le ministre français de la Guerre de l’époque, Alexandre Millerand, en ces termes: "Disciplinés au feu comme à la manoeuvre, ardents dans l’attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu’au sacrifice, ils donnent la preuve indiscutable de leur valeur guerrière".
Pour le diplomate marocain, il faut "perpétuer le devoir de souvenir auprès des nouvelles générations" et rappeler que les liens historiques et profonds entre le Maroc et la France "ont toujours été fondés sur des principes communs de solidarité et de soutien mutuel, ainsi que sur le partage des valeurs universelles de paix et de justice".
Reste à concrétiser le projet de création d’un monument commémorant "le sacrifice de ces troupes originaires du Maroc à qui nous devons tant, mais dont le rôle est encore bien souvent occulté", comme l’a souhaité le maire de Chauconin-Neufmontiers.
La cérémonie d’hommage s’est déroulée en présence d’un représentant du ministre français de la Défense et d’élus de la région, notamment le sénateur Michel Billout, membre du groupe d’amitié France-Maroc au Sénat. Plusieurs dizaines d’habitants de cette petite commune, ainsi que les représentants d’Associations de Marocains de Meaux et de la région ont été également associés.