Renault au Maroc : non, ce n’est pas une atteinte au « made in France »
Après la délocalisation de l’industrie française, c’est maintenant la relocalisation qui fait débat. Enjeu politique autant qu’économique, la volonté de relancer l’industrie en France s’inscrit dans les luttes électorales. Alors quand Renault inaugure une usine à Tanger, que doit-on y voir ?
Le coeur de l’industrie européenne se déplace
Cette implantation de Renault en terre marocaine, il faut d’abord souligner que les pouvoirs publics marocains – et en première ligne le roi Mohammed VI – l’on obtenue suite à des négociations intenses avec le groupe dirigé par Carlos Ghosn, portant notamment sur les exonérations fiscales accordées par l’état marocain à la marque au losange et à la mise en place d’une véritable cité industrielle à proximité pour les sous-traitants de la marque.
Néanmoins, au delà de ces avantages considérés désormais comme "classiques" lorsqu’un pays veut attirer un grand projet industriel, l’on peut également voir dans cette mise en route de l’usine Renault à Tanger un signe que le constructeur estime que le centre de gravité industriel de l’Europe doit être rééquilibré en faveur de la rive sud de la Méditerranée.
En effet, après l’effet "pays de l’est", le temps du Maghreb est probablement venu , en raison notamment du coût du travail – nettement plus compétitif – et du souhait des acteurs industriel majeurs de se positionner sur le continent africain à travers cette porte d’entrée que constitue le Maroc.
Pour autant, cette implantation de l’usine Renault à Tanger ne doit pas être considérée comme une atteinte à la politique de "relocalisation" et du "Made in France" qu’une partie des candidats à l’élection présidentielle française appelle de ses vœux.
Une forme de patriotisme économique
Elle doit au contraire être appréhendée comme le complément d’une stratégie de patriotisme économique cohérente. En effet, il ne faut pas oublier que Renault a pour actionnaire – à hauteur de 15% – l’Etat français, ce qui implique que le rapatriement des bénéfices issus de l’usine Renault de Tanger se fera au profit du budget de l’Etat.
En second lieu, il faut rappeler à ceux qui ont été prompts à voir en cette usine de Tanger un énième avatar d’une inexorable politique de délocalisation, que le gouvernement marocain est actionnaire à 50% de cette usine qui emploiera près de 6000 personnes, dont nombre de cadres français expatriés.
Enfin, au risque de ne pas être politiquement correct, peut être faut il se poser la question quant aux effets d’un éventuel "bridage" des ambitions internationales des grandes entreprise françaises du fait de la tentation du repli sur soi constaté depuis l’intensification de la crise économique européenne et le démarrage de la campagne pour les présidentielles.
La nécessité de conquérir pour survivre
Ce double mécanisme risque en effet de faire du tort à des entreprises françaises qui, comme Renault, souhaitent se mettre dans une dynamique de conquête de marchés à l’international via des implantations comme celle de Tanger. Cette dernière, de l’avis de plusieurs spécialistes de l’industrie automobile, fait en effet sens tant d’un point de vue économique que commercial et devrait permettre d’inaugurer une nouvelle dynamique pour le constructeur français.
En effet, le dernier investissement similaire effectué par Renault remonte à 1998, avec la construction de l’usine de Curitiba au Brésil, pays qui est devenu la sixième puissance économique mondiale en Décembre 2011, juste derrière …l’Hexagone.
((Leplus-nouvelobs)