Déjà plus surprenant : le ralliement (qui a beaucoup coûté à l’intéressée) de Ségolène Royal. L’ex-candidate de 2007 n’avait pourtant pas ménagé son ex-compagnon, jugeant que ce « notable » n’avait à son actif, depuis les débuts de sa carrière politique, rien qui fasse date. Mais vis-à-vis des enfants du couple, elle a fait le choix de l’unité, et elle ne pouvait aussi oublier qu’à l’issue du Congrès PS de Reims, ce sont, à ses yeux, des tricheries qui avaient permis à Martine Aubry de la devancer sur le fil.
La plus grosse surprise, c’est le ralliement (certes laborieux) à Hollande d’Arnaud Montebourg qui, à l’inverse de Valls, se targuait d’occuper, lui, l’aile gauche du parti. Conséquence, pas moins inattendue: la fille de Jacques Delors, qui était avant son entrée en campagne la première secrétaire du PS, ne se contente plus de pourfendre la « gauche molle ». Dans un incroyable renversement des rôles, elle se pose désormais carrément en candidate… « anti-système ».
La moins que l’on puisse dire d’Arnaud Montebourg, c’est que une fois –une fois passée la griserie provoquée chez lui par ses 17% du premier tour, et il aura fait fort dans ce registre- il aura pataugé. Qui choisir puisqu’il avait dit et redit que Hollande et Aubry, c’était bonnet blanc et blanc bonnet ? Qui privilégier entre ses cadres pro-Hollande et sa base plutôt pro-Aubry ? Quel camp rejoindre après avoir suggéré que les uns comme les autres étaient archaïques, et proclamé non sans arrogance–il le fait encore dans les colonnes du Monde- que ses « idées » (de « démondialisation » et de « protectionnisme européen ») sont « désormais à l’ordre du jour du débat politique ».
La position finalement adoptée par l’avocat Montebourg ne ferme, en réalité, aucune porte, dans la grande tradition des motions politiques radicales mi-chèvre mi-chou. 1. A titre personnel, Montebourg votera dimanche Hollande pour « donner de la force à celui qui est arrivé en tête ». 2. Il ne donne à ses amis aucune consigne de vote. 3. Il indique qu’à partir de lundi matin il sera « au service du vainqueur, quel qu’il soit ».
Pourquoi, « à titre personnel », Montebourg a-t-il tout de même, finalement, choisi Hollande ? Parce que sa tentation initiale de renvoyer et Aubry dos à dos aurait, pense-t-il, nui à son image. Parce qu’il croit à la victoire de Hollande, et veut d’autant moins rater le « train majoritaire » qu’au service de ses ambitions (qui sont très grandes) il a décidé d’abandonner durant le prochain quinquennat la posture du minoritaire frondeur. Il veut maintenant être au cœur du « système ».
Et pourquoi pas, si la gauche gagne en 2012, Garde des Sceaux ? Dernier élément qui a pesé : vis-à-vis de Hollande, peut-être futur président de la République, Montebourg, par son geste, veut faire oublier son insolence cruelle de 2007 quand il militait passionnément pour Royal. « Son seul défaut, avait-il dit, visant à l’époque Hollande, c’est son compagnon ». Le genre de « petit phrase » qu’on n’oublie pas de si tôt quand on s’appelle Hollande.
En tout cas, il est aujourd’hui une évidence : si l’avocat Montebourg aime, dans les formules, la radicalité, il est, dans la pratique, un redoutable pragmatique. Un brin de cynisme, à l’occasion, ne lui fait pas peur.
*France-Soir