Pour le CFCM, la marche contre l’antisémitisme « n’est pas de nature à rassembler »

La marche contre l’antisémitisme, prévue dimanche à Paris, « qui a comme objectif exclusif de dénoncer l’antisémitisme sans un mot sur l’islamophobie, n’est malheureusement pas de nature à rassembler », déplore le CFCM, indiquant qu’il « laisse à ses concitoyens la libre appréciation de participer ou non à cette marche ».

Les présidents du Sénat et de l’Assemblée ont appelé mardi « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche à Paris à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme. Mais la participation des figures principales de l’extrême droite française, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Reconquête d’Eric Zemmoura, semé la discorde, tout comme la non dénonciation des bombardements israéliens massifs sur les populations civiles de la bande de Gaza.

« Cette marche qui a comme objectif exclusif de dénoncer l’antisémitisme sans un mot sur l’islamophobie n’est malheureusement pas de nature à rassembler. Elle peut être interprétée par les islamophobes comme un signe d’impunité », a vivement réagi le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dans son communiqué du 8 novembre.

« Depuis le 7 octobre 2023, nous assistons à une recrudescence des actes et propos islamophobes et antisémites. De nombreuses mosquées de France et citoyens de confession musulmane ont fait l’objet de menaces directes, a-t-il déploré, dénonçant « un déferlement décomplexé de la haine des musulmans » sur les réseaux sociaux et les médias de grande audience.

En outre, « ne pas appeler à la levée du blocus inhumain qui asphyxie plus de deux millions de personnes détenues dans une prison qui se transforme jour après jour en un charnier, est déplorable », a regretté mercredi le CFCM.

« L’appel à la libération des otages innocents détenus à Gaza est une nécessité humanitaire. Le CFCM partage leur souffrance et leur angoisse et celles de leurs proches », a-t-il poursuivi, estimant toutefois qu' »il est insoutenable de ne pas appeler en même temps à l’arrêt des bombardements aveugles qui, non seulement font des milliers de victimes dont une majorité d’enfants et de femmes, mais mettent aussi en danger la vie des otages ».

Rappelant avoir « toujours lutté et continuera de lutter contre l’antisémitisme », le CFM précise que « ce dernier est un poison et une déchéance de l’esprit qu’il faut combattre sans relâche. Mais, il doit en être de même pour toutes les autres formes de haine et de racisme qui sévissent actuellement, notamment à l’encontre des citoyens de confession musulmane », a-t-il souligné

« Aucune de ces formes ne doit être ignorée. La dignité de celles et ceux qui en sont victimes est la même, leur souffrance l’est également », a-t-il plaidé.

Le CFCM rappelle que lors de « la marche contre l’islamophobie du 19 novembre 2019, des responsables politiques et de cultes avaient refusé de défiler contre l’islamophobie au prétexte que figureraient dans le cortège des +islamistes+ », indiquant que « le CFCM comprend la réticence des Français de confession musulmane à défiler aujourd’hui aux côtés de racistes anti musulmans déclarés et assumés ».

« Le CFCM n’a pas de leçon à recevoir dans sa lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de haine. Il laisse à ses concitoyens la libre appréciation de participer ou pas  à cette marche », a indiqué l’institution.

Pas d’union politique

Dans un discours devant le Grand Orient de France, principale obédience française de francs-maçons., le président Emmanuel Macron a mis en garde mercredi ceux qui « prétendent soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs », dans une allusion claire à l’extrême droite.

Emmanuel Macron n’a pas dit, dans ce discours, s’il entendait participer à la grande marche contre l’antisémitisme. Selon plusieurs de ses interlocuteurs, il penche plutôt pour ne pas s’y rendre.

« A mon sens, le RN n’a pas sa place dans cette manifestation », mais « c’est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer », a relevé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. La Première ministre Elisabeth Borne, dont le père, de confession juive, a été déporté, participera elle au défilé, a-t-il précisé.

A gauche, le malaise domine. Les Verts et les partis socialiste et communiste ont indiqué qu’ils défileraient, mais pas aux côtés du RN. Ils veulent mettre en place « un cordon républicain » dans la manifestation pour ne pas se mêler à l’extrême droite.

La France insoumise (gauche radicale) a pour sa part dit réserver sa réponse. Dans un  dans un tweet, le dirigeant de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a tranché: « Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous », a-t-il lancé, dans une allusion aux bombardements israéliens sur Gaza.

Pour « combattre le racisme, l’antisémitisme (…) je suis toujours du côté de ceux qui luttent contre ces discriminations », a pour sa part affirmé le coordinateur de LFI Manuel Bompard, mais il serait « incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du RN ».

Président de Renaissance, le parti au pouvoir, Stéphane Séjourné a aussi fait part de ses réserves pour les même raisons.

Les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet ont annoncé à leur tour qu’ils « ne défileront pas à côté du Rassemblement national » mais seront « en tête du cortège » lors de la marche qu’ils ont initiée.

 

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