Hassan Rohani a ainsi émis le souhait d’explorer la voie diplomatique, de sortir l’Iran de son isolement et de sa posture de confrontation, notamment avec les Etats-Unis. Sur le dossier du nucléaire, la principale pierre d’achoppement entre l’Iran et les Occidentaux, il s’est dit disposé à trouver des solutions. Il a souligné que l’Iran n’avait pas besoin de l’arme nucléaire, que le programme iranien avait un objectif civil et que, selon lui, personne ne pouvait nier le droit de son pays à le développer. Les sanctions internationales, qu’il a considérées comme «des violences structurelles, affectant la population civile avant tout», n’y changeront rien. Hassan Rohani a donc estimé qu’il fallait rapidement prévoir des discussions afin «de construire la confiance et travailler en transparence», sur le nucléaire.
Huis clos. Ces discussions ont en fait commencé à New York. Mardi, il y eut notamment la poignée de main échangée avec François Hollande, une première entre des chefs d’Etat français et iranien depuis 2005. S’en sont suivies quarante minutes d’entretien à huis clos entre les deux présidents et leur ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Mohammad Javad Zarif. Une réunion saluée par François Hollande comme «un premier contact qui en appelle d’autres». De la teneur de cet entretien, on sait seulement que les chefs d’Etat ont abordé le thème du nucléaire, mais aussi la crise syrienne. Interrogé par CNN le même jour, Hollande a répété que la Syrie était bienvenue à la table de négociations de paix si elle avait aussi pour but «le départ de Bachar al-Assad et la mise en place d’un gouvernement de transition où toutes les forces politiques syriennes sont représentées».
Posture. Du côté américain, la posture iranienne est accueillie avec plus de circonspection. Dans son discours devant l’Assemblée générale, Barack Obama a mentionné la relation de défiance entre les deux pays, avant de déclarer que les «deux gouvernements devraient être capables de trouver un accord limitant le programme nucléaire iranien».
Un message d’ouverture diplomatique donc, même si Barack Obama n’a pas rencontré son homologue iranien lors de cette session new-yorkaise. «Trop tôt», analysent différents éditorialistes dans la presse américaine, tout en saluant le ton modéré du président iranien. Hassan Rohani a d’ailleurs fait son petit effet sur la chaîne CNN, en se démarquant de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, qui refusait de reconnaître l’Holocauste. «Tout crime contre l’humanité, y compris les crimes commis par les nazis envers les Juifs, est répréhensible et condamnable», a-t-il déclaré, avant d’ajouter que «cela ne veut pas dire que puisque les nazis ont commis des crimes contre un groupe, ce groupe doit confisquer la terre d’un autre groupe et l’occuper». «Cela aussi est un acte qui devrait être condamné», a-t-il insisté.
Si scepticisme il y a à l’égard du chef de l’Etat iranien, c’est qu’il reste pour le moment difficile de cerner comment ces grandes déclarations peuvent se traduire concrètement. Quelles concessions les différentes parties sont-elles prêtes à faire pour renouer le dialogue et s’assurer que Téhéran ne se dote pas de l’arme nucléaire ? Pour le moment, Hassan Rohani n’a pas donné de détails sur la façon dont l’Iran pourrait limiter son programme et accepter que des inspecteurs internationaux viennent mieux inspecter ses installations.