Le 08 mars 2013 s’est déroulée à Fès (Maroc) une manifestation hors du commun car les revendications des centaines de protestataires n’étaient ni sociales ni politiques.
Ce que demandaient les manifestants n’étaient ni plus ni moins que toute la lumière soit faite sur un crime abominable commis en 1993, que la vérité éclate et que justice soit rendue.
Un droit garanti par la loi Suprême du Maroc, la Constitution, et demandé par la famille et les amis du défunt.
Un rappel des faits de cette tragédie qui s’est déroulée un vendredi après midi du 25 février 1993, coïncidant avec le mois du Ramadan, ne serait pas superflu et permettrait aux lecteurs d’en apprécier les éléments.
Ce 25 février 1993, une horde d’étudiants intégristes, affiliés à deux factions islamistes alliées, Al AdlWa Al Ihsan (Justice et Bienfaisance) et Al Wahda wa Ttawasoul (Unité et Communication), affiliée à L’islah wa Ttaouhid, futur Parti de Justice et Développement (PJD), ont intercepté un taxi à proximité du campus universitaire de Fès dans lequel se trouvaient deux étudiants, AÏt El Jid Mohamed Benaissa et Haddioui El Khemmar, tous deux appartenant à une faction gauchiste.
Le pire arriva et les deux occupants du taxi ont été évacués à l’hôpital après avoir été passés à la baston pas ces sauvages.
L’étudiant Aït El Jid Mohamed Benaissa succombera à ses blessures, notamment au niveau du crâne.
De son vivant, ce dernier, connu pour ses convictions politiques de gauche, était responsable au sein de la commission transitoire universitaire où étaient représentées toutes les factions historiques de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM).
Début mars 2013, et vingt ans après l’assassinat du militant de gauche Mohamed Aït Ljid Benaissa, le juge d’instruction de la deuxième Chambre de la Cour d’Appel de Fès a décidé d’entendre trois nouveaux accusés, tous appartenant au Parti Justice et Développement (PJD), parti du Chef du Gouvernement marocain, Abdelillah Benkirane, et du Ministre de la Justice, Mustapha Ramid.
Ainsi donc, vingt ans après l’assassinat du militant de gauche Mohamed Aït Ljid Benaissa, son affaire n’est pas pour autant close et son âme rattrape ses assassins.
L’un des principaux accusés a été arrêté par la police judiciaire de Fès. Il s’agit du dénommé Omar Mouhib, membre du groupe politico-religieux Al Adl wal Ihsane et la Cour d’appel de Fès avait confirmé, début octobre 2012, un jugement de dix ans de prison ferme son encontre.
Mais, le hic est que des membres influents du PJD, parti de la coalition gouvernementale, auraient participé activement à ce meurtre.
Il s’agit de d’Abdelali Hamiddine, dirigeant du PJD et Taoufik Lkadi, actifs à l’époque au sein de la faction estudiantine islamiste «Islah wa Tajdid», branche du parti «Tawhid wal islah», actuel PJD.
Une plainte adressée au Ministre de la Justice et des Libertés Publiques, Mustapha Ramid, comportait plusieurs noms accusés par la famille d’Aït Ljid, dont ceux cités en supra.
Or, le Ministre de la Justice et des Libertés publiques, Mustapha Ramid, se refuse à ordonner une enquête sur cette affaire, visant notamment l’un des dirigeants de son parti, en l’occurrence Abdelali Hamieddine, professeur de droit à l’Université de Fès et à temps perdu juge de tribunaux islamistes clandestins mais aussi bourreau.
Aussi, il est légitime que la famille, les amis du défunt et le peuple marocain, s’interrogent sur neutralité que lui impose sa fonction de Ministre de la Justice et appellent à travers cette manifestation du 08 mars 2013 à déférer devant la justice les personnes impliquées dans cet assassinat, dont Abdelali Hamieddine.
Que le Ministre de la Justice et des Libertés Publiques, Mustapha Ramid, sache que le spectre du militant de gauche, Mohamed Aït Ljid Benaissa, a rattrapé plusieurs étudiants islamistes de l’époque ainsi que Abdelali Hamieddine, impliqués dans son assassinat et que le temps du copinage est révolu.
Ce dossier est et restera ouvert. Il ne sera clos qu’après l’instruction judiciaire qui devrait concerner tous les impliqués connus de tous et qui continuent de jouir de leur liberté, y compris Abdelali Hamieddine.
En réclamant que toute la vérité relative à ce dossier soit dévoilée, les manifestants ont tenu à apporter leur contribution à mettre un terme à l’impunité dont bénéficient ceratains membres du parti au pouvoir.
Une démarche plus qu’honorable qui met en exergue un Maroc moderne où prévalent les principes de liberté, de démocratie et de dignité.
Ni le Premier Ministre, ni le Ministre de la Justice et des libertés Publiques ne peuvent s’y opposer. La Constitution est claire sur ce sujet. Nul n’est au-dessus de la loi.
S’opposer serait un acte de haute trahison car il y a insulte à la loi Suprême du Pays adoptée par voie référendaire par le peuple marocain, dont ils en tirent une légitimité constitutionnelle.
Tous les protagonistes de ce crime abject, notamment Abdelali Hamieddine, doivent être présentés devant la justice et condamnés.
Le temps des tribunaux islamistes clandestins et illégaux dans les chambres de cités universitaires est révolu et ceux qui y ont participé doivent répondre de leurs actes devant les tribunaux du Royaume du Maroc, seuls habilités à rendre la Justice au Nom du Roi.
Monsieur Mustapha Ramid et son copain Abdelali Hamieddine se doivent de le savoir.
Abdelali Hamieddine doit comprendre qu’il a des comptes à rendre à la société, à la justice et à la famille du défunt pour qu’elle puisse faire son deuil dignement.
Nul ne peut faire prévaloir ses accointances ou être protégé par ces dernières pour échapper à la justice. Abdelali Hamieddine doit répondre de ses actes devant la justice et son ami Mustapha Ramid et le Premier Ministre ne peuvent s’y opposer.
Abdelali Hamieddine doit être déféré devant la justice pour répondre de ses actes. Il n’y a pas de crime imprescribtible en droit positif. Un droit en vigueur au Royaume du Maroc.
C’est pourquoi, il n’existe pas crime parfait et aucun crime ne peut rester éternellement impuni. C’est la loi Divine.
Farid Mnebhi.