Mohammed VI, une vision au service des jeunes
Les discours de Mohammed VI se suivent au gré des grandes occasions nationales et ne se ressemblent pas. Pour celui du 20 août célébrant la révolution du Roi et du Peuple, le souverain marocain a déroulé un plaidoyer pour la jeunesse susceptible de la mettre au centre de toutes les attentions.
par Mustapha Tossa
Les multiples interrogations posées par le Roi Mohammed VI lors de son discours visent à pointer les blocages qui font que le système éducatif marocain s’est transformé au fil des années en une gigantesque machine à produire des diplômés inadaptés au marché du travail et qui viennent chaque saison grossir les rangs de demandeurs d’emploi. Il y a manifestement un décalage paralysant entre les profils des diplômés produits par l’université et les besoins réels d’une économie en plein essor et qui a démontré son dynamisme et ses capacités à se hisser à un niveau de concurrence mondiale. En pointant la lumière sur ces dysfonctionnements et ses contradictions, Mohammed VI ambitionne d’apporter des réponses structurelles à une défaillance chronique qui non seulement handicape l’économie marocaine mais empêchent ses jeunes de profiter des retombées de ses performances par ailleurs incontestables. Le souverain résume cette contradiction avec ces mots : « Il est inconcevable qu’un jeune sur quatre soit au chômage en dépit du niveau de croissance économique atteint globalement par le Maroc »
Signe des temps, le Roi Mohammed VI prend cette problématique à bras le corps et dépasse largement le stade des souhaits et des vœux pour passer à des mesures concrètes. Le Roi a détaillé dans son discours une vraie Road Map pour tenter d’harmoniser la formation professionnelle des jeunes avec les exigences du marché du travail. C’est un défi énorme qui attend le système éducatif où la participation du secteur privé, le vrai créateur de l’emploi, est vivement demandé. L’objectif est de réduire de manière significative le chômage des jeunes, de leur donner une perspective de vie et un espoir d’évolution.
Parallèlement à ces transformations, Mohammed VI a fait part de son refus de voir les multiples formes d’intelligences et de créativité marocaines obligées parfois de quitter les pays pour aller déployer ailleurs leurs talents. L’autre défi consiste donc à créer les conditions de les retenir et de les inciter à participer à la grande aventure collective du développement.
Ciseler les nouvelles compétences des jeunes, les rendre compatibles avec les nouvelles normes du marché de l’emploi, baliser des perspectives pour les plus performants pour les intégrer dans les nouvelles dynamiques économiques, tel semble être le credo lancé par Mohammed VI pour donner à la jeunesse marocaine un espoir de transformation pour l’avenir et la mettre aux cœurs des préoccupations de tout le pays.
Et lorsque Mohammed VI affirme que « les questions de la jeunesse ne se limitent pas au seul domaine de la formation et de l’emploi ; elles recouvrent également d’autres champs conceptuels comme l’ouverture d’esprit, l’épanouissement intellectuel et le bien-être physique », il est difficile de ne pas faire le lien avec la décision d’instaurer un service militaire pour les jeunes marocains, hommes et femmes. L’idée derrière ce projet est de redonner du sens aux grandes valeurs qui peuvent lier un jeune à sa communauté nationale. Le service militaire n’est pas fait que pour préparer les jeunes à l’esprit de combat et défense du pays en cas de besoin. Il est aussi l’occasion de structurer leurs rapports aux autres, de développer chez eux le sens de la responsabilité individuelle et du vivre ensemble, d’investir dans la culture de la discipline qui les aidera plus tard à organiser efficacement leur vie. Ce service militaire qui concerne pour la première fois aussi bien des jeunes femmes marocaines est de nature à reconfigurer le lien des jeunes, avec l’autorité et l’espace publique.
En mettant les jeunes et leurs devenirs au centre de sa vision, Mohammed VI montre qu’il s’intéresse à la principale richesse du pays sur les épaules desquelles repose son essor économique et sa stabilité politique et sociale. Les mesures préconisées pour les jeunes sont de nature à provoquer un choc salvateur qui rassure et crée de l’espoir.